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Accord entre Kurdes de Syrie et Bagdad pour rapatrier 31.000 déplacés irakiens (Kurdes)


Jeudi 11 avril 2019 à 14h40

Qamichli (Syrie), 11 avr 2019 (AFP) — Les autorités kurdes en Syrie ont annoncé jeudi avoir conclu un accord avec Bagdad pour le rapatriement de 31.000 Irakiens vivant dans les camps de déplacés du nord-est syrien, où ont récemment été accueillies des familles de combattants du groupe Etat islamique (EI).

L'organisation jihadiste a été vaincue le mois dernier dans son dernier fief en Syrie au terme d'une ultime bataille ayant provoqué l'exode de dizaines de milliers de jihadistes et de civils, notamment des proches de combattants, vers des camps de déplacés érigés par les autorités kurdes.

"Une délégation du gouvernement irakien a visité la zone semi-autonome (kurde) pour discuter du retour des déplacés irakiens, dont le nombre est estimé à 31.000", a déclaré à l'AFP le responsable de ces camps de déplacés, Mahmoud Kero.

Les deux parties ont conclu, selon lui, un "accord" pour qu'ils soient ramenés dans leur pays, voisin de la Syrie et dont l'EI a également occupé de larges pans avant d'être défait.

Jusqu'ici, "4.000 personnes se sont déjà inscrites et nous attendons l'ouverture de la frontière par le gouvernement irakien pour entamer" les transferts, a-t-il précisé.

Au vu de l'important nombre de personnes, des responsables irakiens ont déjà prévenu que ces transferts allaient durer longtemps, évoquant notamment des raisons de sécurité et les difficultés à reloger des déplacés parfois venus de zones ravagées par la guerre.

Il s'agit essentiellement de "femmes et d'enfants" originaires des provinces de Ninive et de Salaheddine, deux provinces situées au nord de Bagdad, majoritairement sunnites et un temps bastions de l'EI, a indiqué à l'AFP un responsable irakien.

Parmi eux, "de nombreux enfants seuls, des personnes âgées ou handicapées et des femmes enceintes", explique à l'AFP un acteur humanitaire. Leur transfert "représente un défi, particulièrement en terme de santé et de protection", ajoute-t-il, sous le couvert de l'anonymat.

- Des jihadistes présumés? -

Mais, a précisé M. Kero, il y a également des hommes "accusés d'appartenance à l'EI" que l'Irak devra "juger sur son sol", alors que les tribunaux irakiens jugent quasi-quotidiennement des nationaux et des étrangers ayant rejoint l'EI, un crime passible jusqu'à la peine de mort.

Les autorités irakiennes mettent en place des "mesures d'identification sécuritaires" en raison de "signes que certains seraient des familles de l'EI", indique de son côté à l'AFP Ali Abbas, du ministère irakien des Déplacés.

"On ne peut pas se permettre de les laisser fondre de nouveau dans la société", plaide-t-il, alors que l'Irak est sorti fin 2017 d'une guerre dévastatrice contre l'EI.

Parmi les 31.000 Irakiens dont le retour est envisagé, beaucoup n'ont aucun document d'identité, notamment les enfants nés en Syrie, a noté le responsable kurde, appelant Bagdad à "trouver une solution".

Des milliers de naissances ou d'unions formées entre 2014 et 2017 sous le "califat" autoproclamé de l'EI n'ont toujours pas été régularisés par les autorités irakiennes.

Les camps de déplacés en Syrie, notamment celui d'Al-Hol, abritent des milliers de familles vivant dans des conditions particulièrement rudimentaires, selon l'ONU et plusieurs ONG.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a déjà fait plus de 370.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.