Mercredi 28 janvier 2009 à 09h27
MOSSOUL (Irak), 28 jan 2009 (AFP) — Favori des élections dans la province irakienne majoritairement sunnite de Ninive, Athil al-Nujeifi a un programme des plus sommaires: mettre fin à l'emprise kurde.
"Les Kurdes entretiennent la tension pour servir leurs propres intérêts. Et je veux y mettre fin", assène le leader de la liste Hadba, qui regroupe une quinzaine de partis et a le soutien des principales tribus de la région.
Près de six ans après l'invasion américaine, cette province --et sa capitale Mossoul-- est le symbole de l'incapacité des forces américaines et irakiennes à enrayer l'action d'Al-Qaïda et des groupes insurgés. Cette rémanence se cristallise sur la question kurde.
C'est en tout cas l'avis des candidats arabes qui rêvent de succéder à Duraid Kachmoula, gouverneur sortant et considéré par ses détracteurs comme la marionnette des Kurdes dans cette province majoritairement arabe et sunnite.
"En 2003, les Américains sont entrés dans Mossoul suivis par les Kurdes et depuis ces derniers n'ont qu'un but: maintenir l'instabilité. Leurs partis protègent ceux qui commettent des exactions", assure cet Irakien de 51 ans, connu pour posséder le plus important haras d'Irak avec ses 400 purs-sangs arabes.
Quand on lui demande d'être plus précis, il reconnaît toutefois "qu'entre Al-Qaïda, les insurgés et les Kurdes, on ne sait jamais très bien qui est responsable" des attentats quasi-quotidiens à Mossoul.
Dans les rues de la ville, la "question kurde" est sur toutes les lèvres.
"Je ne fais pas confiance aux peshmergas", les combattants kurdes, dit un étudiant irakien qui refuse de donner son nom par souci de sécurité. "Ils ne sont pas d'ici, se comportent mal. Il faudrait qu'ils soient remplacés par des soldats irakiens".
En fait, les peshmergas sont plutôt discrets mais la confusion vient du fait qu'aux côtés de deux brigades de l'armée irakienne venus d'Al-Anbar et de Bagdad, "il y a une brigade composée de soldats irakiens d'origine kurde qui dépendent du commandement militaire de Bagdad", rappelle Duraid Kachmoula.
Installé dans son fauteuil, sur la base américaine Mazer, au coeur de la capitale provinciale, le général Robert Brown, chargé des opérations dans le nord de l'Irak, était déjà à Mossoul en 2005 lors des précédentes élections.
"Les forces de sécurité sont bien équilibrées maintenant. Elles reflètent la société. Il n'y a pas que des Kurdes dans les forces déployées à Mossoul", dit-il.
Comme dans le reste du pays, les sunnites de Ninive, majoritaires, avaient boycotté l'élection de 2005. Résultat: 31 des 41 sièges du Conseil provincial étaient occupés par des candidats pro-Kurdes.
"Il y avait un réel manque de représentativité. Le gouvernement est perçu comme très pro-Kurde. Et il n'a vraiment pas fait ce que le peuple attendait de lui", estime le général Brown.
La "question kurde" à Mossoul cristallise plus largement un affrontement entre le gouvernement central du Premier ministre Nouri al-Maliki et le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani. Les deux hommes en sont arrivés cette semaine à se traiter, sans se nommer, de dictateur et de sécessionniste.
Le premier prône un Etat fort et appelle les Kurdes à respecter la Constitution alors que Massoud Barzani entend préserver la quasi-indépendance de sa région et ne cache pas ses ambitions territoriales notamment sur une grande partie de la province de Ninive.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.