Lundi 3 mars 2025 à 15h41
Londres, 3 mars 2025 (AFP) — Les auditions dans le cadre d'une enquête publique sur le naufrage de migrants le plus meurtrier dans la Manche ont commencé lundi à Londres, avec l'objectif de tirer "des leçons" de ce drame qui avait fait au moins 27 morts en novembre 2021.
"Comment se fait-il que les passagers soient restés dans l'eau pendant plus de 12 heures sans être secourus après leurs appels de détresse ?", a interrogé l'avocat Rory Phillips à l'ouverture de ces auditions.
"Comment pouvons-nous faire en sorte que cette tragédie humaine ne se répète jamais ?", a-t-il aussi demandé.
Vingt-sept corps ont été retrouvés après ce naufrage, qui s'est produit le 24 novembre 2021.
Les victimes sont principalement des Kurdes d'Irak. Parmi elles on compte sept femmes, un adolescent de 16 ans et une fillette de sept ans. Quatre personnes sont portées disparues.
Un des deux survivants, Issa Mohamed Omar, doit témoigner mardi devant les responsables de l'enquête indépendante, qui a été officiellement mise sur pied en janvier 2024.
Elle vise à comprendre "qui étaient les personnes" ayant perdu la vie et les circonstances dans lesquelles elles sont mortes. Elle s'intéresse aux "leçons à tirer" et devrait aboutir à des recommandations "pour réduire le risque qu'un événement similaire ne se produise".
Mais les naufrages continuent dans la Manche.
Selon les autorités françaises, 78 migrants sont morts en 2024 en tentant de rejoindre l'Angleterre à partir des côtes du nord de la France, un record depuis le début en 2018 du phénomène des "small boats" dans la Manche. Au moins cinq migrants ont péri depuis le début de cette année.
"Plus de trois ans après le drame (de novembre 2021), les proches et les familles attendent toujours la vérité", déplore l'association française Utopia 56 sur X.
"Si les pratiques des autorités françaises et britanniques ont évolué, elles n'ont eu pour seul effet que d'accentuer les risques et d'augmenter la mortalité", critique-t-elle.
L'association Care4Calais espère que cette enquête publique "apportera des réponses" aux proches des victimes. Elle demande au Royaume-Uni de mettre en place "un système qui traite les personnes en quête d'un refuge avec dignité et compassion".
Les audiences, qui verront témoigner notamment des membres des gardes-côtes et des services de secours britanniques, doivent durer jusqu'au 27 mars.
Cette enquête britannique se déroule en parallèle des procédures judiciaires françaises. Dans l'enquête pénale, sept militaires ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Onze passeurs présumés sont également poursuivis.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.