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Ankara réclame l'extradition d'un haut responsable kurde syrien arrêté à Prague


Dimanche 25 février 2018 à 16h11

Ankara, 25 fév 2018 (AFP) — La Turquie a réclamé dimanche l'extradition d'un important responsable kurde de Syrie, arrêté à sa demande la veille dans un hôtel à Prague et qu'elle qualifie de "chef d'un groupe terroriste".

Saleh Muslim, un ancien coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), "a été arrêté (samedi) soir dans la capitale tchèque", avait peu auparavant annoncé dans un communiqué diffusé à Beyrouth la coalition TEV-DEM, qui regroupe notamment des partis politiques kurdes syriens, dont le PYD.

La police tchèque a confirmé qu'un ressortissant étranger de 67 ans était en détention après avoir été arrêté samedi en vertu d'une notice Interpol émise par la Turquie et que ce pays en avait été informé.

"Notre souhait est qu'il soit extradé", a quant à lui déclaré le vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag, rappelant que tant la Turquie, qui combat militairement la minorité kurde sur le territoire syrien, que la République tchèque étaient parties à la Convention européenne sur l'extradition.

Le ministère turc de la Justice a à cet égard souligné dans un communiqué que des démarches "avaient commencé en vue de l'extradition vers la Turquie" de Saleh Muslim, qui encourt la peine de mort s'il y est jugé.

Ce dernier fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication.

La coalition TEV-DEM a dénoncé des "politiques hostiles" de la part de la Turquie, qui a "émis des mandats d'arrêt contre des personnalités (...) de la communauté" kurde syrienne.

- Réunion confidentielle -

Si M. Muslim était extradé vers la Turquie, il s'agirait de l'une des mises en détention les plus importantes dans ce pays d'un responsable kurde depuis celle en 1999 d'Abdullah Öcalan, le chef du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), classé "terroriste" par la Turquie.

Le PYD, dont Saleh Muslim a été le coprésident jusqu'à l'an dernier, est considéré par Ankara comme une extension du PKK turc, qui mène une guérilla en Turquie depuis trois décennies.

Ce mouvement politique kurde syrien est aussi le bras politique des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, contre laquelle la Turquie a déclenché en janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

Cette opération militaire, baptisée "Rameau d'olivier", a provoqué des tensions avec les Etats-Unis, qui ont fait des YPG leur principal allié dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.

Ankara voit d'un très mauvais oeil l'autonomie de facto acquise par les Kurdes syriens à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, craignant de voir sa propre communauté kurde caresser des ambitions similaires.

A Prague, Saleh Muslim participait à une réunion internationale soutenue par les Etats-Unis et il devait quitter cette ville dimanche, selon un responsable kurde contacté par l'AFP.

Cette réunion était confidentielle mais un des participants turcs a photographié M. Muslim, un cliché relayé par les médias turcs, a ajouté ce responsable.

Il avait voyagé librement en Europe ces dernières années.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.