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Manifestations de Kurdes à Strasbourg et Paris contre Erdogan et l'offensive turque en Syrie


Samedi 3 février 2018 à 17h36

Strasbourg, 3 fév 2018 (AFP) — Plusieurs milliers de Kurdes ont défilé samedi à Strasbourg et Paris pour protester contre le président turc Recep Tayyip Erdogan et l'offensive lancée le 20 janvier par Ankara contre une milice kurde à Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie.

Ankara a lancé le 20 janvier une offensive à Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) qualifiée de "terroriste" par la Turquie mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

A Strasbourg, ils étaient 1.600 selon la police, 7.000 selon les organisateurs, à défiler munis de pancartes sur lesquelles était écrit "Erdogan assassin" ou "les Alevis (minorité musulmane chiite, ndlr) veulent la paix".

Aux cris de "Erdogan, dictateur", "le silence tue", les manifestants - dont certains venus en cars depuis les Pays-Bas, l'Autriche et l'Allemagne à l'appel de la confédération des Alévis d'Europe - se sont dirigés aux abords du Conseil de l'Europe avant de rejoindre le centre-ville de Strasbourg, a constaté un journaliste de l'AFP.

Parmi les pancartes et banderoles, se trouvaient des portraits d'Abdullah Öcalan, le chef de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), détenu depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali, située au large d'Istanbul.

"On veut tirer la sonnette d'alarme car les Kurdes à Afrine ont combattu l'Etat islamique et sont massacrés aujourd'hui. Le silence des dirigeants européens est meurtrier", a expliqué à l'AFP Suleyman Akguc, représentant de la fédération des Alévis de France.

A Paris, 2.100 manifestants, selon la préfecture de police, ont défilé dans l'après-midi depuis la gare de l'Est en direction de la place de la République, derrière des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Défendre Afrine = défendre la révolution des femmes" et "Le fascisme turc d'Erdogan sera enterré à Afrine".

Samedi, les Kurdes se sont indignés après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux montrant le corps ensanglanté et atrocement mutilé d'une combattante kurde de 23 ans, Berîn Kobanê de son nom de guerre, tuée en Syrie dans les combats par des alliés d'Ankara.

Pour Célia, 24 ans, ces opérations militaires sont "une atteinte à l'humanité, aux droits les plus fondamentaux" du peuple kurde "qu'Erdogan veut exterminer".

"On a entendu Macron rappeler timidement à l'ordre la Turquie sur les droits de l'Homme mais là il faut quelque chose de concret... Il y a des gens qui meurent", a-t-elle lancé.

"Il n'y a plus rien à attendre de l'Occident", a jugé Ceyda, retraitée de 60 ans. "Ils se retrouvent toujours quand il s'agit de défendre leurs intérêts dans la région, quitte à nous envoyer, nous Kurdes, faire face à l'Etat islamique", "mais dès qu'il s'agit de créer une région kurde autonome, on nous lâche", a-t-elle dénoncé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.