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Les enfants de jihadistes doivent être pris en charge pour éviter les "bombes à retardement" (Molins)


Mardi 23 janvier 2018 à 10h28

Paris, 23 jan 2018 (AFP) — Les jeunes enfants de jihadistes doivent être pris en charge de manière "spécifique" après leur retour en France d'Irak ou de Syrie pour éviter que certains deviennent "des bombes à retardement", a estimé mardi le procureur de Paris François Molins.

"Cela sera un des gros enjeux des années à venir d'assurer une prise en charge suffisamment spécifique et au long cours pour (...) que ces petits" mineurs de moins 13 ans, "qui sont peut-être des bombes à retardement compte tenu de tout ce qu'ils ont vu" en terme d'atrocités "soient véritablement éduqués", a relevé le chef du parquet antiterroriste sur RTL.

Il faut absolument "innover" pour traiter ces enfants qui ont pu "être amenés par leurs parents" à "assister à des décapitations", voir "des armes à la maison tous les jours" et vivre "sur des valeurs non tolérantes, anti-démocratiques", a insisté François Molins, rappelant que les mineurs de plus de 13 ans qui ont pu participer à des combats faisaient eux l'objet de mandats d'arrêt ou de recherche.

Le procureur a de nouveau souligné qu'il fallait se départir de toute "naïveté et angélisme". "Il y a (eu) une inflexion idéologique" à partir de l'été 2017 lorsque des organes liés au groupe Etat islamique "ont appelé les femmes et les enfants à participer au jihad armé".

Quelques dizaines d'adultes -hommes et femmes- se trouvent actuellement dans des camps ou des prisons en Irak ou en Syrie avec plusieurs dizaines de mineurs, d'après une source proche du dossier.

Interrogé sur le sort d'une jihadiste allemande condamnée à mort dimanche en Irak pour avoir rejoint le groupe Etat islamique (EI), une première pour une femme européenne dans ce pays, François Molins a souligné que Bagdad avait "un gouvernement légitime" et "tout à fait le droit de décider" de les juger "lui-même" ou "de les remettre" à leur pays.

Mais "la situation est plus complexe" en Syrie, où les Français capturés sont détenus par les forces kurdes ou l'Armée syrienne libre (ASL), des factions qui combattent Bachar el-Assad et "n'ont pas une autorité légitime", a-t-il reconnu.

Deux plaintes pour "détention arbitraire" ont été déposées la semaine dernière contre les autorités françaises par des avocats de familles de jihadistes qui dénoncent le souhait de Paris de les faire juger sur place par des "autorités locales" non reconnues légalement, en l'espèce les forces kurdes en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.