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Congrès sur la Syrie à Sotchi: les Kurdes invités, l'opposition veut des précisions


Lundi 22 janvier 2018 à 18h28

Moscou, 22 jan 2018 (AFP) — La Russie a annoncé lundi avoir invité "tous les principaux acteurs régionaux et internationaux", y compris les Kurdes malgré les réticences de la Turquie, au Congrès de paix pour la Syrie prévu le 30 janvier dans la station balnéaire russe de Sotchi.

Cette annonce intervient alors qu'une délégation de l'opposition syrienne a déclaré lundi ne pas avoir pris de "décision finale" sur sa participation et exigé plus de précisions de la Russie sur les modalités de cette réunion.

Elle vise à réunir des représentants du gouvernement et des rebelles syriens, à l'initiative de Moscou et Téhéran, alliés du régime de Damas, et d'Ankara, soutien des rebelles.

La Russie a invité à ce congrès "tous les principaux acteurs régionaux et internationaux", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, au début de sa rencontre à Moscou avec le négociateur en chef de l'opposition syrienne, Nasr Hariri.

"Il ne fait aucun doute que le rôle des Kurdes dans le processus ultérieur du règlement politique doit être garanti. C'est pourquoi des représentants kurdes ont été inclus dans la liste des Syriens invités au Congrès du dialogue national syrien" à Sotchi, a-t-il annoncé quelques heures plus tôt, lors d'une conférence de presse.

Pour sa part, M. Hariri, qui conduit à Moscou une délégation du Comité des négociations syriennes (CNS), représentant le spectre le plus large des groupes de l'opposition, a indiqué vouloir "avoir toutes les informations sur les participants, l'agenda et les objectifs" de cette réunion.

Le CNS "ne prendra pas de décision finale (...) avant d'obtenir des informations complètes de la Russie" sur ce congrès, a-t-il souligné, en déplorant que l'opposition n'ait pas "pour l"heure une vision claire de tout cela".

M. Lavrov a assuré M. Hariri que la Russie allait répondre à toutes les questions de l'opposition syrienne concernant le congrès à Sotchi.

"J'espère que vous êtes venus sans une approche partiale et que vous êtes disposés à une conversation franche et honnête", a-t-il déclaré.

- 'grossière ingérence' -

Les préparatifs au congrès à Sotchi se font alors que la Turquie a lancé samedi l'opération baptisée "Rameau d'olivier" dans le nord de la Syrie contre une milice kurde -- les Unités de protection du peuple (YPG) -- considérée par Ankara comme une organisation terroriste, mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Sergueï Lavrov a accusé lundi les Etats-Unis d'encourager le séparatisme kurde avec son projet d'entraîner une "force" composée notamment de combattants kurdes dans le nord de la Syrie.

"Soit (les Américains) ne comprennent pas la situation, soit il s'agit d'une provocation en toute connaissance de cause", a déclaré M. Lavrov, qualifiant le projet de la coalition internationale de "grossière ingérence dans les affaires intérieures" de la Syrie.

La coalition internationale antijihadiste menée par Washington a annoncé dimanche qu'elle oeuvrait à la création d'une "force" frontalière dans le nord de la Syrie composée de 30.000 hommes, dont près de la moitié issus des rangs des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes à la pointe de la lutte contre l'EI.

Cette annonce a aussitôt provoqué la colère de la Turquie, car les FDS sont dominées par une milice kurde considérée par Ankara comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en rébellion contre les autorités turques depuis 1984.

Le Pentagone a assuré depuis qu'il ne s'agissait pas d'une "nouvelle armée" mais seulement d'un entraînement des "forces locales de sécurité".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.