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Syrie: Tillerson plaide la "retenue" mais reconnaît le droit d'Ankara à se "protéger"


Lundi 22 janvier 2018 à 14h34

Londres, 22 jan 2018 (AFP) — Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a réitéré lundi à Londres l'appel des Etats-Unis à la "retenue" de "toutes les parties" en Syrie après l'offensive turque dans une enclave kurde, tout en reconnaissant "le droit légitime de la Turquie" à se "protéger".

"Les Etats-Unis sont en Syrie pour vaincre l'EI", le groupe jihadiste Etat islamique, "et nous l'avons fait avec une coalition de partenaires et les Forces démocratiques syriennes (FDS)", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec son homologue britannique Boris Johnson.

Les FDS sont une alliance de combattants kurdes et arabes engagés dans la guerre contre les jihadistes. Leur principale composante est la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara, autre allié de Washington, considère comme un groupe terroriste.

L'armée turque a lancé samedi une offensive sur l'enclave kurde syrienne d'Afrine contre des positions de l'YPG. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi pris le risque de provoquer la colère de son allié américain mais les réactions de Washington restent mesurées.

"Nous sommes inquiets au sujet des incidents turcs dans le nord de la Syrie", a dit Rex Tillerson lundi.

"Nous reconnaissons totalement le droit légitime de la Turquie à protéger ses propres citoyens contre des éléments terroristes qui pourraient lancer des attaques contre des citoyens turcs, en territoire turc, depuis la Syrie", a-t-il ajouté, sans pour autant explicitement qualifier à son tour l'YPG de groupe "terroriste".

"Nous demandons à toutes les parties de faire preuve de retenue et de minimiser l'impact sur les civils", a encore affirmé le chef de la diplomatie américaine, rappelant être en contact avec les autorités d'Ankara comme avec les chefs de la coalition anti-EI pour "voir comment satisfaire les inquiétudes sécuritaires légitimes de la Turquie".

Boris Johnson a approuvé ces propos, estimant qu'il s'agissait d'une "situation très très difficile".

"Nous savons que les Kurdes ont été cruciaux dans le combat" contre les jihadistes, "tout le monde en est reconnaissant", a-t-il dit. "Mais d'autre part, la Turquie a un intérêt légitime à protéger sa propre frontière", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de la Première ministre britannique Theresa May, qui a également rencontré Rex Tillerson, a assuré suivre "de près les événements".

"Le Royaume-Uni s'engage à travailler étroitement avec la Turquie et les autres alliés pour trouver des solutions en Syrie qui garantissent la stabilité, évitent toute escalade et protègent les intérêts sécuritaires turcs", a-t-il ajouté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.