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Irak: accord sur le déploiement des forces de Bagdad à un poste-frontière stratégique (responsable)


Dimanche 29 octobre 2017 à 18h30

Bagdad, 29 oct 2017 (AFP) — Les commandants militaires irakiens et kurdes sont parvenus dimanche soir à un accord au terme duquel vont se déployer les forces de Bagdad au poste-frontière de Fichkhabour (nord), a indiqué à l'AFP une source gouvernementale.

Bagdad cherche à sécuriser l'accès de son oléoduc vers le port turc de Ceyhan en prenant le poste-frontière et la région de Fichkhabour, situés aux confins des territoires turc, syrien et irakien et qui sont stratégiques pour les Kurdes.

"Nous sommes parvenus à un accord avec les peshmergas pour déployer les forces fédérales à Fichkhabour", a indiqué cette source, sous le couvert de l'anonymat, indiquant que les combats cessaient donc dans cette zone où les forces des deux côtés étaient massées depuis des jours et s'étaient violemment affrontées jeudi.

Le poste-frontière se trouve à l'extrémité de la province de Dohouk, sous l'autorité du Kurdistan et non du gouvernement fédéral. Mais Bagdad affirme que la Constitution lui accorde le contrôle de la frontière.

Cette bande de terre d'une dizaine de kilomètres, qui suit le Tigre, donne du côté syrien, sur des zones tenues par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), alliées à Washington dans le combat contre l'EI. Ces zones abritent "les champs pétrolifères de Rmeilane et de Karatchouk", selon un responsable irakien.

Les YPG sont accusées d'être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, classé "terroriste" par la Turquie voisine.

Cette zone où transite la contrebande de pétrole est vitale pour les finances kurdes.

Fin 2013, le Kurdistan irakien avaient court-circuité l'oléoduc irakien qui acheminait le brut depuis Kirkouk vers Ceyhan via Fichkhabour en connectant à la place leur oléoduc parallèle. Ils y faisaient passer les 250.000 barils par jour de pétrole des champs de Kirkouk, qui représentent près de la moitié des revenus pétroliers du Kurdistan.

Le 25 septembre, le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani organisait en grandes pompes un référendum d'indépendance.

Depuis, la crise n'a cessé de s'envenimer entre Erbil et Bagdad. Le 16 octobre, les forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes sont entrées en mouvement pour reprendre l'ensemble des zones disputées, c'est-à-dire réclamées à la fois par le gouvernement local kurde et Bagdad.

Elles dépendent, selon la Constitution, du pouvoir central de Bagdad mais leur statut doit encore être discuté lors de négociations à venir. Toutefois, depuis l'invasion américaine de 2003 et plus encore dans le chaos créé en 2014 par la percée jihadiste, les peshmergas y ont de fait pris le contrôle.

En deux semaines, Bagdad a repris le contrôle de leur quasi-totalité et était engagé dans de violents combats contre les peshmergas dans le nord.

A Fichkhabour, Bagdad avait décrété une trêve pour donner le temps aux commandants peshmergas et irakiens de négocier un retour sans violence à la "ligne bleue" de 2003, qui délimite le Kurdistan irakien aux trois provinces de Dohouk (nord-ouest), Erbil (nord) et Souleimaniyeh (nord-est).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.