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L'Irak à l'assaut du dernier bastion de l'EI sur son sol


Jeudi 26 octobre 2017 à 12h56

Bagdad, 26 oct 2017 (AFP) — Les forces armées ont lancé jeudi l'assaut sur le dernier bastion du groupe Etat islamique (EI) en Irak, près de la frontière avec la Syrie, avec l'objectif d'éradiquer cette organisation jihadiste de leur pays.

Cette offensive est menée au moment où de l'autre côté de la frontière, les troupes du régime syrien et leurs supplétifs faisaient également mouvement pour prendre en étau les combattants du groupe ultraradical responsable d'exactions et d'attentats sanglants.

La bataille vise à étrangler l'organisation jihadiste dans son dernier carré, dans la moyenne vallée de l'Euphrate qui court de la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie jusqu'à Al-Qaïm dans l'ouest de l'Irak.

Elle est "le dernier grand combat contre l'EI", disaient récemment des généraux américains de la coalition internationale qui soutient les forces irakiennes dans leur lutte contre les jihadistes.

C'est sur la localité d'Al-Qaïm dans l'immense province désertique d'al-Anbar, où la frontière est poreuse, que les forces irakiennes ont lancé l'assaut.

A l'aube, le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des armées, a annoncé "le lancement de la bataille pour libérer Al-Qaïm, Rawa et les villages et hameaux environnants". "Les combattants de l'EI n'ont d'autre choix que de mourir ou de se rendre".

M. Abadi, qui d'habitude annonce les assauts lors d'allocutions télévisées, a cette fois publié un communiqué car il est en visite en Iran, grand allié et poids lourd régional qui a réaffirmé son soutien aux mesures prises par l'Irak "pour défendre sa souveraineté".

- Reprise de bases militaires -

En 2014, les jihadistes s'emparaient lors d'une percée fulgurante de près d'un tiers de l'Irak, mais depuis, les troupes gouvernementales et paramilitaires irakiennes les ont chassés de plus de 90% des régions conquises.

Le général irakien Qassem al-Mohammedi, qui dirige les opérations, a affirmé à l'AFP que les troupes massées autour d'Al-Qaïm avançaient "sur quatre fronts: à l'est, au sud, au sud-est, et depuis la province de Ninive, plus au nord".

Les combats sont menés, a-t-il ajouté, par l'armée, les unités contre-terroristes (CTS), la police fédérale et le Hachd al-Chaabi, ces unités paramilitaires dominées par les chiites et soutenues par l'Iran.

En début d'après-midi, les forces gouvernementales avaient repris plusieurs bases militaires, dont l'une de l'aviation, à l'EI, au sud-est d'Al-Qaïm, selon le Commandement conjoint des opérations (JOC).

Pour cette bataille qui se joue dans la province sunnite d'Al-Anbar, plusieurs unités tribales sunnites du Hachd ont été mobilisées.

"L'armée de l'air irakienne et l'aviation de la coalition mènent des raids" en soutien à l'opération, a précisé le commandant Mahmoud al-Fellahi. Selon la coalition, une quinzaine de raids ont été menés contre des cibles jihadistes dans la région d'Al-Qaïm et celle de Boukamal dans la province syrienne de Deir Ezzor.

Selon le Norwegian Refugee Council (NRC), plus de 10.000 civils fuyant la région d'Al-Qaïm sont arrivés dans des camps de déplacés près de Ramadi, dans la province d'Al-Anbar, depuis début octobre.

L'Organisation internationale des Migrations (OIM) a indiqué qu'environ 65.000 personnes avaient fui Al-Anbar depuis le début de l'année.

- Combats contre les Kurdes -

L'Irak s'est lancé dans cette nouvelle opération alors qu'une partie de ses troupes est mobilisée pour reprendre le contrôle de zones disputées avec la région autonome du Kurdistan dans le nord du pays.

Des combats à l'artillerie lourde opposaient jeudi combattants kurdes et forces gouvernementales en direction du poste-frontière de Fichkhabour vers la Turquie sur le tracé d'un important oléoduc, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Les combattants kurdes, les peshmergas, tiraient des obus et utilisaient des missiles anti-chars téléguidés, opposant une forte résistance à l'avancée des troupes fédérales et paramilitaires venues de Zoummar, une zone pétrolière au nord-ouest de Mossoul.

Selon le gouvernement de la région autonome, les troupes fédérales "avancent avec des unités du Hachd en direction des positions peshmergas".

Il s'agit pour Bagdad de sécuriser l'oléoduc menant au terminal de Ceyhan en prenant notamment Fishkhabour.

Le pouvoir central à Bagdad et la région du Kurdistan sont en crise ouverte depuis la tenue le 25 septembre d'un référendum d'indépendance kurde. Le Kurdistan a fait mercredi un pas en arrière, se disant prêt à "geler les résultats" de la consultation où le "oui" l'a largement emporté.

Mais M. Abadi a opposé une fin de non-recevoir disant qu'il "acceptera uniquement l'annulation du référendum".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.