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Accrochages entre armée turque et combattants kurdes de Syrie à la frontière


Mercredi 26 avril 2017 à 21h38

Qamichli (Syrie), 26 avr 2017 (AFP) — Des accrochages transfrontaliers ont éclaté mercredi entre soldats turcs et combattants kurdes de Syrie, où la tension est montée d'un cran au lendemain de raids aériens meurtriers menés par la Turquie, les Kurdes appelant à une zone d'exclusion aérienne.

Les affrontements ont éclaté à la frontière nord-est de la Syrie "après que les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont ouvert le feu sur un véhicule blindé de l'armée turque qui avait franchi la frontière entre la Turquie et la Syrie", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les forces turques ont tiré à l'artillerie sur les positions des YPG à l'ouest de la localité syrienne de Darbasiyah tandis que les combattants kurdes ont lancé des roquettes sur les avant-postes de l'armée turque, a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane sans faire état de victimes dans l'immédiat.

Le porte-parole des YPG, Redur Xelil, a indiqué à l'AFP que la Turquie avait ciblé plusieurs secteurs autour de Darbasiyah "avec de l'artillerie lourde et des tirs au mortier". Il a ajouté que "les bombardements menés par l'armée turque étaient à présent sporadiques" et fait état d'"échanges de feu avec des avant-postes frontaliers".

Les YPG sont la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes luttant contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et soutenus par les Etats-Unis.

- 'Zone d'exclusion aérienne' -

Les violences transfrontalières surviennent au lendemain de raids aériens turcs contre un QG des YPG ayant fait 28 morts, essentiellement des membres des YPG, et 19 blessés, selon l'Observatoire.

Il s'agit des plus meurtrières menées en Syrie par la Turquie, qui qualifie les YPG de groupe "terroriste" en raison de leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes turcs). Ankara a également ciblé mardi en Irak des positions tenues par le PKK et ses alliés locaux.

Les YPG ont mis en garde mercredi contre une "agression élargie" et appelé à l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne dans le nord de la Syrie.

"C'est seulement quand le nord de la Syrie sera décrété zone d'exclusion aérienne que les YPG pourront défendre le pays sans entraves. La Turquie doit respecter la zone d'exclusion aérienne", a écrit le groupe sur Twitter.

Les YPG ont posté une série de tweets avec le hashtag #NoFlyZone4Rojava (zone d'exclusion aérienne pour Rojava), utilisant le nom kurde donné au territoire à majorité kurde dans le nord de la Syrie.

Et à Qamichli, ville du nord-est de la Syrie à majorité kurde, des centaines de personnes ont manifesté pour protester contre les frappes turques.

"Rojava demande une zone d'exclusion aérienne contre l'agression turque", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des femmes avançant sur une route poussiéreuse.

"Ce message ne s'adresse pas uniquement à la Turquie, mais aux Etats-Unis et au monde: il faut faire face à l'agression turque par une prise de position forte", a affirmé à l'AFP un manifestant, Mohammad Mahmoud.

- Inquiétude de Washington et Moscou -

Le département d'Etat américain s'était dit mardi "profondément préoccupé" par ces frappes menées "sans coordination appropriée avec les Etats-Unis ou la coalition" internationale qui combat l'EI en Syrie et en Irak.

Cette coalition menée par les Etats-Unis a elle reproché mercredi à la Turquie de ne pas l'avoir avertie suffisamment à l'avance. "La notification est intervenue moins d'une heure avant les frappes, ce n'est pas suffisant", a déclaré le porte-parole de la coalition, le colonel américain John Dorrian.

"C'était une notification, certainement pas une coordination, comme on est en droit de l'attendre de la part d'un partenaire et d'un allié dans la lutte contre l'EI", a-t-il ajouté.

Les forces américaines opéraient à moins de 10 kilomètres du lieu des frappes turques dans le nord de l'Irak où un "nombre important" de combattants peshmergas ont également été tués, a précisé le militaire.

A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a jugé mercredi "inacceptables" les frappes turques, affirmant qu'elles "suscitent la plus grande inquiétude à Moscou".

Les frappes turques ont visé "les forces kurdes qui en réalité s'opposent aux groupes terroristes sur le terrain et en premier lieu à l'EI", a ajouté le ministère dans un communiqué, appelant "toutes les parties à la retenue".

Le régime syrien a condamné une "agression flagrante" menée par le "régime du (président turc Recep Tayyip) Erdogan".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.