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Turquie: le leader kurde Demirtas met fin à sa grève de la faim


Vendredi 31 mars 2017 à 22h50

Ankara, 31 mars 2017 (AFP) — Le chef du principal parti pro-kurde de Turquie a annoncé vendredi soir qu'il mettait un terme à une grève de la faim entamée le matin même pour protester contre des conditions de détention "inhumaines", après l'ouverture d'un dialogue avec l'administration pénitentiaire.

Selahattin Demirtas, co-président du Parti démocratique des peuples (HDP), en détention depuis novembre, avait annoncé la veille vouloir démarrer une grève de la faim pour dénoncer les "pratiques illégales et inhumaines" dans la prison d'Edirne (nord-ouest).

D'autres détenus kurdes y avaient déjà commencé une grève de la faim le 25 février, à laquelle ils ont également décidé de mettre un terme vendredi après l'ouverture d'un dialogue et des "promesses" par la direction de résoudre les problèmes existants, selon un communiqué diffusé par le HDP et signé par les "prisonniers politiques" d'Edirne.

M. Demirtas s'est "réjoui" vendredi dans un communiqué séparé que cette opération se soit conclue avec "des engagements mutuels et bien intentionnés".

Aucun détail n'a été donné sur les discussions qui se sont tenues.

Outre Edirne, plusieurs prisonniers kurdes ont récemment entamé des grèves de la faim dans les prisons d'Izmir (ouest) Ankara et Van (est) pour protester contre leurs conditions de détention.

Selon le HDP, une centaine de "prisonniers politiques" étaient en grève de la faim vendredi, dont certains dans des états de santé "critiques".

M. Demirtas a ainsi invité la Direction pénitentiaire et le ministre de la Justice à entamer un dialogue dans les prisons où se déroulent des grèves de la faim.

Le charismatique chef de file du HDP est visé par des dizaines de procédures judiciaires et risque notamment 142 ans de prison dans le cadre d'un procès où il est accusé de "diriger une organisation terroriste" et de faire de la "propagande terroriste".

Les autorités turques accusent le HDP d'être la vitrine politique des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara, Washington et Bruxelles.

Le deuxième parti d'opposition de Turquie a ainsi été durement frappé par les purges qui ont suivi le putsch manqué en juillet, avec une dizaine de ses députés actuellement en détention, dont M. Demirtas et sa co-présidente Figen Yüksekdag.

Ces arrestations ont suscité l'inquiétude des pays européens et d'ONG qui accusent le président Recep Tayyip Erdogan de vouloir étouffer toute voix d'opposition.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.