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Militantes kurdes tuées à Paris: les familles veulent que l'enquête se poursuive


Mercredi 22 février 2017 à 15h39

Paris, 22 fév 2017 (AFP) — Les familles de trois militantes kurdes assassinées à Paris en 2013 ont déposé plainte mercredi pour que l'enquête reprenne après la mort du principal suspect dans cette affaire, où les services turcs ont été mis en cause, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

La plainte avec constitution de partie civile vise notamment à déterminer qui sont les commanditaires. Elle a été déposée contre les complices et co-auteurs des crimes d'assassinats terroristes pour lesquels le Turc Omer Güney, mort le 17 décembre à 34 ans d'une tumeur au cerveau, devait comparaître seul devant la cour d'assises spéciale à Paris à partir du 23 janvier.

Il était accusé d'avoir tué de plusieurs balles dans la tête, le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, fondatrice du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Fidan Dogan et Leyla Saylemez dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan (CIK) à Paris. Le PKK, qui mène depuis 1984 une rébellion en Turquie, est classé parmi les organisations "terroristes" par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Si Omer Güney, qui clamait son innocence, était le seul accusé, les enquêteurs avaient pointé "l'implication" de membres des services secrets turcs, le MIT, dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires.

Les investigations n'avaient pas permis d'établir si ces agents avaient agi "avec l'aval de leur hiérarchie" ou "à l'insu de leur service afin de le discréditer ou de nuire au processus de paix", entamé à l'époque entre Ankara et le PKK, avait expliqué une source proche du dossier.

La plainte risque de se heurter à l'extinction de l'action publique prononcée le 23 janvier par le président de la cour d'assises spéciale. Mais selon l'un des avocats des familles, Me Antoine Comte, cette extinction "n'a été prononcée qu'à l'égard de l'accusé". Et selon lui, l'ordonnance de mise en accusation d'Omer Güney "ne prononce pas de non-lieu sur les complicités ou les commanditaires".

"Omer Güney n'était que le bras armé d'une véritable entreprise des services secrets turcs destinée à assassiner des militantes kurdes en Europe. On ne peut pas laisser commettre des assassinats politiques en France et fermer les yeux", a ajouté l'avocat, qui a déposé plainte au nom des familles avec ses confrères Jean-Louis Malterre, Sylvie Boitel, Virginie Dusen et Jan Fermon.

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014. Des médias turcs avaient diffusé un enregistrement d'une conversation entre un homme présenté comme Omer Güney et deux agents des services, ainsi qu'un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.