Page Précédente

Environ 15.000 Kurdes à Strasbourg pour réclamer la libération d'Öcalan


Samedi 11 février 2017 à 19h14

Strasbourg, 11 fév 2017 (AFP) — Environ 15.000 personnes ont participé samedi à Strasbourg au rassemblement annuel des Kurdes d'Europe, "peuple sans État" venu à nouveau réclamer un statut pour le Kurdistan, et la libération de leur chef historique Abdullah Öcalan, détenu depuis 18 ans en Turquie sur l'île prison d'Imrali.

Parmi les 12 à 15.000 manifestants selon la police, 15.000 à 17.000 personnes selon les organisateurs, il y avait beaucoup de Kurdes venus d'Allemagne, quelques-uns du Luxembourg ou de Belgique.

"Je suis diplomate d'un peuple sans État", ironise dans le cortège Beriwan, interprète, militante pour la libération du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement interdit en Turquie et classé "terroriste" par l'Union européenne et les États-Unis.

Mais pour Beriwan, qui a quitté son pays à l'âge de 3 ans, Abdullah Öcalan, condamné à mort en 1999, peine commuée ensuite en prison à vie, est uniquement "l'architecte d'un projet politique porteur d'espoirs de paix pour le Moyen-Orient".

"Il y a moins de monde que d'habitude", concède Murat, quadragénaire venu de Belgique. Il avait 4 ans quand, en 1974, il a quitté la Turquie avec son père, parti travailler dans les mines de charbon belges. Sa famille est originaire de la province d'Igdir, près du mont Ararat, mais il n'y a "plus personne" là-bas. "La situation est devenue impossible", affirme son ami, Hashim, arrivé en 1961 en Belgique.

Dans la foule, les mots ne sont pas assez durs pour dénoncer le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Il faut dénoncer, agir. Il n'est pas seulement un danger pour les Kurdes, mais pour tous les démocrates. Mais l'Occident refuse de voir le danger", déplore Hélène, la porte-parole du rassemblement.

Le sud-est de la Turquie est secoué quotidiennement par des combats entre forces de sécurité turques et rebelles depuis la reprise l'été dernier des hostilités après deux ans de pourparlers de paix entre Ankara et le PKK, en vue de mettre un terme à une rébellion qui a fait 40.000 morts depuis 1984.

Le consul général de Turquie à Strasbourg avait demandé l'annulation de la manifestation, mais "la France observe une forme de tolérance pour permettre ce rassemblement", ont expliqué les autorités françaises.

Depuis 18 ans, les Kurdes manifestent ainsi à Strasbourg, "centre de l'Europe, la ville du Conseil de l'Europe, du Parlement européen, de la Cour européenne des droits de l'Homme", souligne Mirtaza, 60 ans, venu de Nancy.

Emprunté une série de boulevards à la périphérie de Strasbourg au départ de la gare, la manifestation s'est dispersée à la mi-journée.

De grands moyens avaient été déployés pour l'encadrer en raison du regain de tension en Turquie entre le pouvoir et le PKK. Toutes les rues débouchant sur le parcours avaient été barrées par des camions-bennes, dispositif mis en place depuis l'attentat du 14 juillet dernier à Nice pour empêcher toute attaque au moyen d'un véhicule.

Plusieurs unités de gendarmes avaient en outre été déployées. La communauté kurde avait organisé un imposant service d'ordre et les bagages étaient fouillés. Un groupe de sympathisants non kurdes avait, pour la première fois, pris la tête du cortège et portait un portrait d'Abdullah Öcalan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.