Page Précédente

Le parquet turc requiert jusqu'à 142 ans de prison pour le leader kurde Demirtas (agence)


Mardi 17 janvier 2017 à 17h50

Istanbul, 17 jan 2017 (AFP) — Le parquet a requis mardi jusqu'à 142 ans de prison contre Selahattin Demirtas, coprésident du principal parti prokurde, accusé d'appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement interdit, ont rapporté les médias.

Le parquet de Diyarbakir (sud-est) a en outre requis jusqu'à 83 ans d'emprisonnement pour Mme Fiden Yüksekdag, qui copréside avec M. Demirtas le Parti démocratique des peuples (HDP), selon l'agence progouvernementale Anadolu.

Ils avaient été arrêtés en novembre avec une dizaine d'autres députés du parti dont l'immunité avait été levée.

Ils sont accusés d'appartenir ou de soutenir le PKK, qui mène depuis trois décennies une lutte armée pour demander plus de droits et d'autonomie pour les Kurdes. L'organisation est classée "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le HDP a toujours nié farouchement être une vitrine politique pour le PKK. M. Demirtas affirme être puni pour s'être opposé au projet de présidentialisation du système voulu par Recep Tayyip Erdogan.

La semaine dernière, le charismatique député HDP avait fait parvenir au Parlement un texte dans lequel il affirmait que le débat et le vote de ce projet en cours à la Chambre étaient faussés par l'absence des députés prokurdes emprisonnés.

Selon Anadolu, M. Demirtas est poursuivi notamment sous les accusations de "diriger une organisation terroriste", "diffusion de propagande" favorable à la rébellion kurde, et "incitation à la haine et à l'hostilité".

Le HDP est également tenu pour responsable d'une série de manifestations en octobre 2014, menées par les militants pro-kurdes opposés à la politique menée par la Turquie en Syrie. Les affrontements qui avaient émaillé ces protestations avaient coûté la vie à 31 personnes.

Ankara a lancé une vague d'arrestations sans précédent après la tentative de putsch du 15 juillet, imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis.

Au-delà des putschistes présumés, les purges ont visé les milieux prokurdes et les médias. Des ONG et des responsables de l'opposition accusent le pouvoir de profiter de l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch avorté pour étouffer toute voix critique.

Le parti prokurde affirme ainsi que plus de 50 maires qui lui sont affiliés ont été arrêtés en novembre.

Surnommé par certains le "Obama kurde", Selahattin Demirtas est devenu un acteur-clé de la scène politique turque et a réussi à transformer le HDP en une formation de gauche moderne, lui permettant de devenir le deuxième parti d'opposition en Turquie.

Les violences entre le PKK et Ankara ont repris à l'été 2015 après l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu qui visait à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.