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Turquie: un nouveau maire arrêté dans le sud-est à majorité kurde


Jeudi 17 novembre 2016 à 16h27

Ankara, 17 nov 2016 (AFP) — Le co-maire de la grande ville de Van dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie a été arrêté pour des liens présumés avec les rebelles kurdes et remplacé par un administrateur, ont rapporté jeudi les médias officiels.

Bekir Kaya a été incarcéré jeudi dans le cadre d'une "enquête terroriste" et remplacé à la tête de la mairie par le gouverneur de la région de Van, Ibrahim Tasyapan, selon l'agence progouvernementale Anadolu.

Des mandats d'arrêt ont été émis contre quatre autres responsables de la mairie, selon la même source.

Quelques heures après l'arrestation du maire, la police a fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser des dizaines de manifestants venus lui témoigner leur soutien, selon un photographe de l'AFP sur place.

Mercredi, les maires de deux autres villes dans l'est de la Turquie, Siirt et Tunceli, ont également été arrêtés pour des liens présumés avec les rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara, a indiqué Anadolu jeudi.

Ces arrestations surviennent dix jours après l'arrestation d'une dizaine de députés de la principale formation politique prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), dont ses deux coprésidents.

Jeudi, Kamuran Yuskek, coprésident du parti DBP, émanation régionale du HDP, a également été arrêté, selon les médias turcs.

Fin octobre, les autorités avaient arrêté les deux maires de Diyarbakir, "capitale" de la région à majorité kurde, accusés eux aussi d'activités "terroristes" en lien avec le PKK.

Les municipalités kurdes sont dirigées par deux maires, un homme et une femme, au nom de l'égalité des sexes.

Le porte-parole du HDP Ayhan Bilgen a condamné les arrestations des maires élus dans des localités kurdes et la nomination d'administrateurs par l'Etat. "Cela montre que le gouvernement ne respecte pas la volonté de la population locale", a-t-il dit à des journalistes au siège du parti à Ankara.

Il a affirmé que son parti était visé par les autorités en raison de son opposition à l'instauration d'un système présidentiel en Turquie censé renforcer les pouvoirs du chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan.

Les arrestations et suspensions de responsables locaux accusés de liens avec le PKK et la fermeture de médias pro-kurdes se sont multipliées depuis le putsch avorté de juillet contre le président Erdogan, imputé par les autorirés turques au prédicateur Fethullah Gülen exilé aux Etats-Unis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.