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Turquie/Kurdes: affrontements à Diyarbakir après l'arrestation de ses deux maires


Mercredi 26 octobre 2016 à 10h43

Diyarbakir (Turquie), 26 oct 2016 (AFP) — De violents affrontements ont éclaté entre policiers et manifestants à Diyarbakir mercredi, au lendemain du placement en garde à vue des deux maires de cette grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des policiers déployés autour de la mairie de la ville ont repoussé à coups de matraques, de grenades lacrymogènes et en faisant usage de canons à eau des centaines de manifestants, dont certains jetaient des pierres.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, et son collègue Firat Anli ont été interpellés mardi soir dans le cadre d'une enquête sur de présumées "activités terroristes", a indiqué le parquet de la ville dans un communiqué.

Selon le parquet, Mme Kisanak et M. Anli sont notamment soupçonnés d'avoir permis l'utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) tués par les forces de sécurité, d'avoir "incité à la violence" ou encore d'avoir soutenu des appels en faveur d'une plus grande "autonomie".

"Les pressions ne nous intimideront pas", ont scandé les manifestants à Diyarbakir.

D'autres rassemblements de protestation contre ces gardes à vue étaient prévus ailleurs en Turquie, notamment à Istanbul.

Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines, dans le sud-est de la Turquie, les arrestations de responsables locaux accusés de "propagande terroriste" ou de "soutien logistique" au PKK qui mène une sanglante guérilla contre Ankara.

Le mois dernier, 24 maires du sud-est du pays soupçonnés d'être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement, une mesure qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes de la région.

Epicentre du sud-est de la Turquie, Diyarbakir a été durement touchée par la reprise du conflit kurde à l'été 2015. Dans le district historique de Sur, les affrontements ont fait plusieurs dizaines de tués et provoqué des dégâts considérables.

Le PKK, considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe terroriste, et l'armée turque ont rompu, il y a un an, un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités, qui ont fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.