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Les forces irakiennes commencent à évacuer les derniers villages avant Mossoul


Mardi 25 octobre 2016 à 19h32

Al-Khazir (Irak), 25 oct 2016 (AFP) — La file des voitures n'en finit pas de s'allonger. Sous des drapeaux blancs, quelques animaux sont perchés sur des tas de couvertures, matelas de mousse et habits jetés dans des corbeilles: les forces irakiennes évacuaient mardi les habitants des derniers villages avant Mossoul.

Mardi, les unités d'élite du contre-terrorisme irakien n'étaient plus qu'à une demi-douzaine de kilomètres de Mossoul, la ville où le groupe Etat islamique (EI) a proclamé il y a deux ans son "califat" et que les forces irakiennes -arabes et kurdes- entendent reprendre bientôt avec l'appui de la coalition internationale.

Les forces irakiennes ont rapidement progressé dans des villages vidés de leur population depuis l'arrivée des jihadistes. Et sur leur route désormais, ne restent plus que quelques villages, habités, ceux-là.

Alors, rapidement, elles commencent à faire sortir les habitants, comme Essam Saadou, un étudiant de 22 ans au volant de sa voiture où s'entassent trois femmes et deux enfants.

"On n'a rien emmené. On a pris la route, malgré tous les dangers, avec seulement notre voiture et les habits qu'on porte", dit-il à l'AFP depuis sa voiture bloquée à un check-point tenu par les combattants kurdes.

Le check-point contrôle les familles qui montent dans des bus vers des camps construits récemment dans la plaine. Les forces du "contre-terrorisme nous ont amenés ici et remis aux peshmergas (combattants kurdes). Eux doivent nous emmener dans un camp, on verra bien ce qui arrivera".

Amal Mohammed, elle, est assise à l'arrière. Cette jeune Kurde a rejeté en arrière le voile noir qui couvrait son visage, comme le lui imposaient les jihadistes, qui sont "apparus en une journée" dans son village de Topzawa, proche de Mossoul.

- 'Tous était interdit' -

"Ils contrôlaient toute notre vie: on devait porter le niqab, la abaya", voile intégral et longue robe noire, raconte-t-elle.

"On ne pouvait pas sortir, voir nos proches. Monter sur le toit-terrasse, c'était interdit", poursuit cette jeune mère de 20 ans, une fillette endormie dans les bras. Sous l'EI, dit-elle, "tout nous était interdit".

Mais une fois hors du territoire contrôlé par les jihadistes, le calvaire de ces centaines de personnes, qui ont attendu une demi-journée sous un soleil cuisant un hypothétique transfert vers un camp, n'est pas fini.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé qu'il serait bientôt prêt pour accueillir 150.000 personnes fuyant les combats autour de Mossoul.

Selon lui, 7.500 personnes ont déjà fui la périphérie de Mossoul et près de 1.000 autres ont traversé la frontière vers la Syrie, autre pays en guerre.

Les inquiétudes sont grandes pour les quelque 1,5 million de personnes qui vivent encore à Mossoul selon l'ONU.

Un million de personnes pourraient être déplacées, provoquant une urgence humanitaire sans précédent en Irak, qui compte déjà plus de 3 millions de déplacés, dont plus du tiers dans la région kurde.

Entre les voitures, en gardant un oeil sur des enfants qui jouent en bord de route, des petits groupes d'hommes, certains la tête couverte d'un foulard traditionnel, discutent entre eux.

Les femmes et les enfants sont les premiers à monter dans les bus affrétés pour rejoindre un immense camp qui s'étale à quelques centaines de mètres de là, derrière le check-point. Les hommes, eux, ne savent pas encore s'ils pourront passer.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.