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Maires limogés: La Turquie s'en prend à l'ambassadeur américain


Mercredi 14 septembre 2016 à 11h59

Istanbul, 14 sept 2016 (AFP) — La Turquie s'en est prise mercredi à l'ambassadeur américain à Ankara après que la représentation diplomatique s'est dite préoccupée par le limogeage de 28 maires soupçonnés de liens avec les rebelles kurdes.

Dans un communiqué publié dimanche, l'ambassade américaine avait exprimé sa préoccupation à la suite de heurts entre forces de l'ordre et manifestants protestant contre le limogeage de ces maires et appelé à des élections anticipées pour désigner leurs successeurs.

Dans des déclarations retransmises en direct à la télévision, le ministre de l'Intérieur turc Suleyman Soylu a affirmé que le communiqué de l'ambassade américaine était "inacceptable, surtout pour un pays indépendant".

Attribuant le communiqué à l'ambassadeur en personne, il a jugé que "la façon dont il s'est exprimé s'assimile à de la provocation (...) et nous a dérangés".

Il a en outre demandé à l'administration américaine à rappeler son ambassadeur à l'ordre.

"C'est ce que nous escomptons car ce n'est pas la bonne approche", a-t-il dit.

Estimant que les critiques de l'ambassade américaine revenaient à "encourager le terrorisme", il a affirmé qu'elles mettaient à l'épreuve "la sincérité" des Etats-Unis envers son pays.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a lui aussi fait part de la "préoccupation" d'Ankara au sujet du communiqué lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain John Kerry, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé mardi soir.

M. Cavusoglu a aussi critiqué le communiqué de l'ambassade lors d'une allocution mardi dans la ville méridionale d'Antalya, affirmant que l'ambassadeur américain n'était pas "un gouverneur de la Turquie".

"Personne parmi vous (ambassadeurs des pays étrangers) n'est le patron de la Turquie. Vos ambassadeurs ne doivent pas se comporter comme un gouverneur de la Turquie et doivent accomplir leur travail correctement", a-t-il dit.

Vingt-quatre des maires relevés dimanche de leurs fonctions sont soupçonnés d'être liés aux militants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les quatre autres à l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'être à l'origine du putsch avorté de mi-juillet, selon les autorités turques.

Les élus limogés ont été remplacés par des administrateurs proches du parti au pouvoir.

Peu après l'annonce de ces mesures, des échauffourées avaient éclaté entre forces de l'ordre et manifestants dans plusieurs localités du sud-est à majorité kurde de la Turquie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.