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Procès de passeurs vendredi à Dunkerque: trois Français et deux Kurdes poursuivis


Jeudi 5 mai 2016 à 11h29

Lille, 5 mai 2016 (AFP) — Cinq personnes, deux Kurdes et - fait rare - trois Français, soupçonnées d'avoir fait passer illégalement des migrants vers l'Angleterre depuis le nord de la France comparaissent vendredi devant le tribunal de Dunkerque (Nord).

Les cinq hommes sont poursuivis pour "aide à l'entrée et au séjour illégal en bande organisée" et encourent jusqu'à 10 ans de prison, une amende de 750.000 euros et la confiscation de l'ensemble de leur patrimoine.

La défense a cependant demandé le renvoi de cette audience.

"Le fait qu'il y ait des Français rend le procès assez particulier car l'enquête a réussi à mettre au jour un réseau avec des prête-mains" situées dans le Dunkerquois, a indiqué à l'AFP la substitut du procureur de la République à Dunkerque, Amélie Le Sant.

Les deux Kurdes sont soupçonnés d'avoir fait passer directement des migrants sur des aires d'autoroute situées près de Dunkerque (Nord) avec la complicité de chauffeurs, bien souvent "de pays de l'est", alors que les Français ont servi de soutien logistique. Les tarifs des passages se monnayaient de 5.000 à 10.000 euros.

"Nous avons notamment un chauffeur de taxi qui amenait les personnes vers des endroits plus discrets pour permettre aux migrants de rejoindre plus facilement des camions et aussi des personnes qui tenaient un café dans le centre de Grande-Synthe (Nord) qui s'est révélé être le véritable QG des passeurs", a expliqué la substitut.

Un système de retour vers la France des bénéfices des passages clandestins avait été mis en place grâce à la réception, par des ressortissants français contre commission, de mandats provenant soit de Grande-Bretagne soit d'Irak, via des transactions de type Western union. Ce trafic avait duré "plusieurs" mois.

"Grâce à cette organisation, alors que l'argent des passages illégaux transite traditionnellement par la Grande-Bretagne, plus de 300.000 euros ont pu revenir entre les mains des passeurs se situant sur le ressort de Dunkerque", avait précisé la substitut du procureur dans un communiqué.

Le réseau a été démantelé mi-février par la Police aux Frontières près de Grande-Synthe qui accueillait jusqu'à début mars un camp insalubre dans lequel vivaient dans des conditions très précaires près de 1.500 migrants, en grande partie kurdes.

Depuis, un nouveau camp aux standards humanitaires internationaux a vu le jour à quelques kilomètres de là sur le terrain de la Linière où quelque 1.100 migrants sont actuellement hébergés - pour une capacité de 1.500 places.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.