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Turquie : deux morts, 22 blessés dans un attentat contre la police à Gaziantep, proche de la Syrie


Dimanche 1 mai 2016 à 19h32

Istanbul, 1 mai 2016 (AFP) — Une voiture piégée a explosé dimanche devant le quartier général de la police à Gaziantep, ville du sud-est de la Turquie qui accueille de très nombreux réfugiés syriens, tuant au moins deux policiers et faisant 22 blessés.

Dans le même temps, trois soldats ont trouvé la mort dans une embuscade dans la région à majorité kurde plus à l'est, où l'armée est engagée dans une véritable guerre contre les rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ces attaques interviennent dans un climat tendu, les forces de sécurité étant déployées en force dans le pays dimanche en raison des traditionnelles manifestations du 1er mai organisées par la gauche turque et les militants syndicaux. A Istanbul, elles ont été émaillées par des échauffourées entre la police et des manifestants prokurdes, et se sont soldées par 200 arrestations.

A Ankara, la police a arrêté quatre Syriens, jihadistes présumés appartenant au groupe Etat islamique (EI), soupçonnés de préparer une attaque contre ces célébrations.

Les manifestations du 1er mai ont également été interdites dans les villes d'Adana et Sanliurfa (sud) après des informations reçues par les autorités sur de possibles attaques suicide.

L'enquête sur l'attentat à la voiture piégée à Gaziantep se concentrait également sur l'EI, qui contrôle des pans de la frontière avec la Turquie, selon les médias turcs.

La police a arrêté le père d'un membre connu de l'EI dans la ville, Ismail G., et des tests ADN étaient en cours pour vérifier l'identité de l'auteur de l'attentat, selon le quotidien Hurriyet.

Deux policiers ont été tués dans cet attentat et 22 personnes blessées, dont 18 policiers, selon le bureau du gouverneur régional de Gaziantep.

Des images des caméras de surveillance diffusées par les médias turcs ont montré des scènes de chaos à l'extérieur du bâtiment alors que des ambulances arrivaient pour évacuer les victimes gisant par terre.

D'après la chaîne NTV, des affrontements ont éclaté avec les forces de sécurité après l'explosion et des coups de feu ont été entendus.

Gaziantep, à la frontière avec la Syrie, compte 1,5 million d'habitants et abrite un grand nombre de réfugiés syriens.

Dimanche également, quatre personnes ont été blessés dans la ville frontalière de Kilis, au sud de Gaziantep, par la chute de roquettes tirées depuis une zone sous contrôle de l'EI en Syrie, selon l'agence de presse Anatolie. Kilis est régulièrement la cible de telles attaques, souvent meurtrières.

L'agence a ajouté qu'à la suite de vols de reconnaissance effectués par des drones, l'artillerie turque avait bombardé des positions de l'EI en représailles, faisant neuf tués dans les rangs des jihadistes.

- Série d'attentats -

L'attentat de Gaziantep intervient alors que le pays a été secoué par une série d'attaques, dont deux à Istanbul imputées aux jihadistes et deux autres à Ankara revendiquées par des militants kurdes, qui ont fait des dizaines de tués.

Mercredi, une kamikaze s'était fait exploser à Bursa (nord-ouest), blessant 13 personnes. Cette attaque a été revendiquée dimanche par un groupe dissident du PKK, les "Faucons de la lierté du Kurdistan" (TAK).

Dans un communiqué, ce groupe a précisé que sa militante, une jeune femme de 23 ans nommée Eser Cali, avait "raté sa cible", laissant entendre que celle-ci était la grande mosquée, haut lieu touristique de cette grande ville située à une centaine de kilomètres au sud d'Istanbul.

Le même groupe avait déjà revendiqué deux attentats sanglants commis à Ankara en février et en mars.

Plus à l'ouest de Gaziantep, trois soldats ont été tués et 14 autres blessés dimanche lors d'une attaque dans le district de Nusaybin, dans la province de Mardin, où l'armée mène une opération militaire d'envergure contre le PKK.

L'armée a accusé le "groupe terroriste séparatiste", terme qu'elle emploie pour désigner le PKK sans le nommer.

Le chef militaire du PKK, Cemil Bayik, avait affirmé il y a une semaine que son groupe était prêt à "intensifier" les combats contre les forces de sécurité turques.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, le conflit kurde a repris l'été dernier et sonné le glas des pourparlers de paix engagés à l'automne 2012 par le gouvernement avec le PKK pour mettre un terme à une rébellion qui a fait 40.000 morts depuis 1984.

Le sud-est à majorité kurde de la Turquie vit au rythme des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles. Plus de 350 soldats ou policiers en ont été victimes, selon les autorités, qui évoquent un chiffre invérifiable de plus de 5.000 morts dans les rangs du PKK depuis la reprise des hostilités.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.