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Turquie : échauffourées entre police et manifestants à Istanbul, plus de 200 arrestations


Dimanche 1 mai 2016 à 18h28

Istanbul, 1 mai 2016 (AFP) — La police turque a arrêté dimanche plus de 200 personnes et utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des protestataires participant à des manifestations non autorisées à l'occasion du 1er mai à Istanbul, quadrillée par les forces de l'ordre.

En marge de ces échauffourées, un homme est mort en traversant une rue du centre d'Istanbul, près de la place Taksim, écrasé par un véhicule antiémeute.

Les accès du public avaient été interdits par de nombreuses barrières à la place Taksim, foyer traditionnel de protestation des stambouliotes, et la zone, habituellement très fréquentée, était désertée par les passants.

Loin du centre, des centaines de syndicalistes et de militants brandissant des bannières en faveur de la solidarité ouvrière ont pris part à un défilé autorisé sur une vaste zone du district de Bakirkoy, près de l'aéroport international.

Mais la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des militants du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) qui tentaient de manifester de leur côté à Bakirkoy, et a procédé à plusieurs arrestations, a constaté un photographe de l'AFP.

La police a également fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène dans le district de Sisli contre des protestataires qui tentaient de rallier la place Taksim, a constaté un autre photographe de l'AFP.

Dans le quartier d'Okmeydani, des militants de la gauche radicale masqués ont lancé des cocktails Molotov et des pétards sur la police.

Le cabinet du gouverneur d'Istanbul a indiqué que 207 personnes qui tentaient de marcher en direction de la place Taksim avaient été arrêtées. En outre, 40 cocktails Molotov, 17 grenades à main et des dizaines de feux d'artifice ont été saisis, selon la même source.

Un homme est mort après avoir été écrasé par un véhicule antiémeute équipé d'un canon à eau connu sous l'acronyme turc de Toma et devenu familier des citadins en Turquie depuis que la police réprime sévèrement les manifestations.

L'homme de 57 ans a été écrasé alors qu'il traversait la rue Tarlabasi, près de Taksim et une enquête a été ouverte.

Un total de 24.500 membres des forces de l'ordre, selon le cabinet du gouverneur d'Istanbul, avaient été mobilisés dans la ville et de nombreuses rues fermées en prévision des manifestations du 1er mai, qui sont traditionnellement l'occasion de heurts entre forces de sécurité et militants opposés au pouvoir.

Plusieurs ambassades ont mis en garde leurs ressortissants contre les risques de violence, celle des Etats-Unis évoquant notamment la possibilité dimanche "de violentes confrontations entre les manifestants et les forces de sécurité".

Dimanche, deux policiers ont été tués par l'explosion d'une voiture piégée devant le quartier général de la police à Gaziantep, ville d'ordinaire calme et pleine de réfugiés syriens, dans le sud-est de la Turquie.

En 2015, le parlement a adopté une loi controversée sur la sécurité donnant à la police des pouvoirs accrus pour réprimer les manifestations, alors que le mécontentement monte contre le régime qualifié d'autoritaire du président Recep Tayyip Erdogan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.