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Des milliers de Kurdes réclament "paix" et "justice", trois ans après l'assassinat de militantes à Paris


Samedi 9 janvier 2016 à 17h32

Paris, 9 jan 2016 (AFP) — Des milliers de Kurdes ont manifesté samedi à Paris pour réclamer "justice" trois ans après l'assassinat de militantes dans la capitale française et dénoncer les "crimes du régime turc" contre les Kurdes, "en première ligne" contre les jihadistes en Syrie.

Au moins 7.000 personnes, selon la police, et plus de 10.000 selon les organisateurs, ont manifesté de la gare du Nord à la place de la Bastille.

"Non à l'impunité des crimes politiques", ont scandé les manifestants, venus de toute l'Europe, trois ans jour pour jour après l'assassinat de Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) réputée proche de son chef historique Abdullah Öcalan, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans.

Les trois femmes ont été abattues de plusieurs balles dans la tête au siège du Centre d'information du Kurdistan (CIK), dans le Xe arrondissement. L'exécutant présumé de ces crimes, un Turc de 33 ans nommé Omer Güney, a été renvoyé devant les assises, mais les enquêteurs suspectent une implication des services secrets turcs, le MIT, dans la phase de préparation.

"Trois ans après, la justice n'a encore apporté aucune lumière sur les commanditaires de cet attentat. Que signifie le silence de la France?", a lancé à la foule Xane Ozbek, militante du Conseil démocratique kurde (CDK), regroupant plusieurs associations en France.

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont la conviction d'une "implication" du MIT "dans l'instigation et la préparation des assassinats", mais ils n'ont pas réussi à établir s'il en était le commanditaire ou si certains de ses membres avaient pu agir à son insu.

Au son d'un chant révolutionnaire kurde, le cortège s'est ébranlé vers la Bastille, après une halte au siège du CIK où une dizaine de gerbes de fleurs avaient été déposées trois jours plus tôt.

Au premier rang d'un défilé hérissé de centaines de drapeaux aux couleurs du PKK et de portraits d'Öcalan, les proches des trois femmes assassinées ont marché en silence.

"C'est une manifestation importante car les Kurdes se battent pour la liberté partout, en Syrie, en Turquie, et nous voulons expliquer au peuple français que nous avons droit aussi à la justice", a déclaré à l'AFP Haydar Camsiz, un frère de Sakine Cansiz venu d'Allemagne.

"Le combat de Sakine continue. Nous continuerons à marcher tant que nous n'aurons pas obtenu justice", a-t-il ajouté.

Les manifestants, venus d'Allemagne, d'Espagne, de Suisse ou des Pays-Bas ont dénoncé les "crimes" du président turc Recep Tayyip Erdogan qui "massacre les Kurdes" en "première ligne du combat contre les jihadistes".

Une fois la marche arrivée place de la Bastille, dans l'après-midi, une rixe a opposé plusieurs participants. Des policiers intervenus pour séparer les manifestants ont été pris à partis et l'un d'eux a tiré en l'air, a-t-on appris de source policière. Il n'y a pas eu d'interpellation, ni de blessé, selon la même source.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.