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Turquie: perquisition et arrestations au sein du parti prokurde à Istanbul


Vendredi 8 janvier 2016 à 17h16

Istanbul, 8 jan 2016 (AFP) — La police antiterroriste turque a interpellé vendredi à Istanbul plusieurs responsables locaux du principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), dans la ligne de mire du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

A l'aube, les forces de l'ordre ont investi en nombre les bureaux qu'occupe le HDP dans le district de Beyoglu, sur la rive européenne de la mégapole stambouliote, en bloquant la rue qui y mène, a rapporté un photographe de l'AFP.

Selon l'agence de presse Dogan, de nombreux documents ont été saisis et neuf personnes placées en garde à vue à l'issue de cette perquisition, dont le coresponsable de sa section locale Rukiye Demir.

La direction de la police d'Istanbul a indiqué de son côté avoir arrêté six personnes, dans un communiqué cité par la presse turque.

L'opération a été lancée dans le cadre d'une enquête ouverte après un meurtre, en juin 2015, attribué aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et sur la foi d'un renseignement suggérant que l'arme utilisée était cachée dans les locaux du HDP, a précisé la police dans sa déclaration.

Un des avocats du parti, Levent Piskin, a dénoncé une perquisition "arbitraire".

Le régime islamo-conservateur de M. Erdogan multiplie les pressions contre le HDP, accusé de soutenir le PKK qu'il considère comme les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) comme une organisation terroriste. Le parti a toujours démenti ces allégations.

Le chef de l'Etat a ainsi réclamé la levée de l'immunité parlementaire des deux coprésidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, qui se sont publiquement prononcés pour la reconnaissance d'une forme d'autonomie pour la minorité kurde.

Ses déclarations interviennent alors que des combats meurtriers ont repris depuis l'été dernier, après plus de deux ans de cessez-le-feu, entre les forces de sécurité turques et le PKK dans de nombreuses villes du sud-est à majorité kurde.

Deux soldats turcs ont encore été tués vendredi dans un district de Diyarbakir et dans la ville de Cizre (sud-est), placés sous couvre-feu depuis le mois dernier, a annoncé le commandement militaire sur son site internet.

Epaulées par des chars et des hélicoptères, l'armée et la police y mènent, ainsi que dans la ville de Silopi (sud-est), des opérations d'envergure pour reprendre le contrôle de quartiers tenus par des jeunes partisans du PKK. Ces affrontements ont provoqué l'exode de milliers d'habitants et, selon le HDP, causé plus de 70 victimes civiles.

Plus de 200 policiers et soldats ont été tués depuis l'été dernier, ainsi que, selon M. Erdogan, quelque 3.100 "terroristes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.