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Istanbul : incidents pendant une manifestation à la mémoire de militantes kurdes assassinées à Paris


Jeudi 9 janvier 2014 à 18h24

ISTANBUL, 09 jan 2014 (AFP) — De violentes échauffourées ont opposé jeudi à Istanbul la police turque à plusieurs centaines de personnes rassemblées à la mémoire de trois militantes kurdes assassinées il y a un an à Paris, ont constaté des photographes de l'AFP.

Environ 500 à 600 manifestants kurdes, parmi lesquels plusieurs députés, se sont réunis en début d'après-midi devant le lycée Galatasaray d'Istanbul aux cris de "nous voulons la justice" pour les trois victimes, dont le mobile des meurtres reste inconnu.

Lorsque le cortège a pris la direction du consulat de France, les forces de l'ordre sont intervenues massivement avec des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en plastique pour disperser les manifestants.

Des incidents se sont poursuivis pendant au moins une demi-heure.

"Au lieu d'élucider (les meurtres), ils interviennent contre ceux qui les dénoncent. Cela montre comment la République turque les défend (les meurtriers)", s'est insurgée Sehabat Tuncel, députée du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, prokurde).

"Ne placez pas des barricades devant les femmes ou le règlement du conflit kurde. Placez-les devant ceux qui veulent empêcher la paix", a-t-elle ajouté, citée par l'agence de presse Dogan.

Les trois militantes kurdes Sakine Cansiz, figure historique du mouvement rebelle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et proche de son fondateur Abdullah Öcalan, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été tuées par balles le 9 janvier 2013 dans les locaux du Centre d'information kurde (CIK) de Paris.

Huit jours plus tard, la police a arrêté un ressortissant turc de 30 ans, Ömer Güney, qui a été inculpé pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste".

Selon le procureur de Paris, il avait été désigné par le PKK comme le chauffeur et l'accompagnateur à Paris de Sakine Cansiz.

Le PKK a toutefois démenti que M. Güney était l'un de ses membres.

Plusieurs pistes ont été envisagées pour expliquer ce triple assassinat : un règlement de comptes au sein de la mouvance kurde lié aux actuels pourparlers de paix entre le PKK et la Turquie, un acte du mouvement d'extrême droite turc des "Loups gris", un crime crapuleux ou encore un différend personnel.

Les autorités turques ont engagé à l'automne 2012 des pourparlers de paix avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan. Ces discussions sont toutefois au point mort depuis que la rébellion a suspendu en septembre dernier le retrait de ses combattants du Turquie, jugeant insuffisantes les réformes engagées par Ankara.

Le conflit kurde, qui a éclaté en 1984, a fait plus de 45.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.