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Turquie: le parti pro-kurde présente un candidat à Istanbul


Vendredi 9 février 2024 à 14h40

Istanbul, 9 fév 2024 (AFP) — Le parti pro-kurde DEM a présenté vendredi son propre candidat à la mairie d'Istanbul, au risque de voir, lors des élections municipales prévues fin mars, la mégapole turque échapper à l'opposition qui l'avait conquise en 2019.

Le parti, troisième force politique du pays, avait cette année-là appuyé le candidat du CHP, principal parti de l'opposition, face au parti islamo-conservateur AKP du président Recep Tayyip Erdogan.

Meral Danis Bestas, députée d'Erzurum (est), sera la candidate du parti à Istanbul, a annoncé devant la presse la porte-parole du Parti de l'Egalité des peuples et de la démocratie (DEM), Aysegul Dogan.

Âgée de 56 ans, Meral Danis Bestas a longtemps travaillé comme avocate spécialisée dans les droits humains avant d'être élue quatre fois députée du parti pro-kurde depuis 2015.

Selon un système de co-présidence inspiré des Verts allemands, en vigueur pour tous les élus du parti, Murat Cepni, un ancien député, sera son co-candidat.

"Nous sommes un mouvement politique assez fort et expérimenté pour ne pas nous limiter à faire gagner ou perdre d'autres [formations]", a déclaré Mme Dogan pour justifier la décision du parti.

Basak Demirtas, épouse de l'ancien co-président du parti et très populaire Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 et officiellement retiré de la politique, avait été citée comme possible candidate à Istanbul.

Mais Mme Demirtas, considérée comme une potentielle candidate de poids, a annoncé mercredi qu'elle ne se présenterait pas après consultation avec son parti.

Les opposants à une candidature du parti DEM à Istanbul reprochent au parti pro-kurde de faciliter une éventuelle victoire de l'AKP en privant le maire CHP sortant Ekrem Imamoglu du soutien des électeurs kurdes.

M. Imamoglu avait raflé la ville en 2019 grâce à l'appui du parti Iyi (droite) et à celui, indirect, du parti pro-kurde, qui avait décidé de ne pas présenter de candidat pour éviter de diviser les votes de l'opposition, dans cette ville de 16 millions d'habitants qui abrite une importante communauté kurde.

Mais nombre d'électeurs kurdes n'ont pas pardonné l'attitude du CHP, qui s'était retourné contre eux entre le premier et le second tour de l'élection présidentielle de mai dernier.

M. Erdogan a chargé en janvier son ancien ministre de l'Environnement, Murat Kurum, de reconquérir Istanbul, la ville la plus riche du pays, où il est né et dont il a été le maire dans les années 1990, afin de venger la plus humiliante défaite électorale de l'AKP en deux décennies de domination.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.