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Risque de famine à Gaza, un vote à l'ONU sur l'aide attendu vendredi


Vendredi 22 decembre 2023 à 12h23

Bande de Gaza (Territoires palestiniens), 22 déc 2 — Après plus de deux mois de guerre, l'ONU a mis en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien de Gaza soumis vendredi à de nouvelles frappes israéliennes meurtrières, en attendant un vote au Conseil de sécurité pour y accroître l'aide.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 390 Palestiniens ont été tués ces dernières 48 heures dans la bande de Gaza, dont des "dizaines" vendredi avant l'aube et le matin à Rafah, Khan Younès (sud), Gaza-ville et Jabaliya (nord).

La guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du groupe islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, ne connaît aucun répit malgré les pressions internationales, les protagonistes restant inflexibles dans leurs conditions pour une trêve humanitaire.

Pourtant les organisations de l'ONU ne cessent d'alerter sur la situation catastrophique de la population civile dans le territoire surpeuplé de 362km2, où les bombardements israéliens par air, terre et mer ont détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85% de la population d'après l'ONU.

C'est à partir de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 16 ans, que le Hamas a lancé son attaque sur le sud d'Israël voisin, qui a fait environ 1.140 morts en majorité des civils selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d'après Israël.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et pilonne sans relâche Gaza, où au moins 20.057 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tuées et plus de 50.000 blessées selon un dernier bilan du gouvernement du Hamas qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007.

Les habitants de Gaza vont être confrontés à des risques élevés d'insécurité alimentaire, voire de famine, au cours des six prochaines semaines, a averti jeudi un rapport du système de surveillance de la faim de l'ONU.

Environ la moitié de la population devrait se trouver dans la phase "d'urgence" -qui comprend une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité- d'ici le 7 février et "au moins une famille sur quatre", soit plus d'un demi-million de personnes, sera confrontée à la "phase 5", c'est-à-dire à des conditions catastrophiques, d'après le rapport.

- "Combinaison mortelle" -

Deux jours après l'attaque du Hamas, Israël a soumis Gaza à un siège total et contrôle toute aide qui y entre via le passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte, et un autre nouvellement rouvert appelé Kerem Shalom entre Gaza et Israël.

Des centaines de camions ont été autorisés à entrer dans le territoire mais l'aide est jugée insuffisante par les ONG et l'ONU et sa distribution reste très aléatoire du fait du pilonnage israélien et des batailles de rue entre soldats israéliens et combattants palestiniens.

De plus, seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore en partie, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"La combinaison mortelle de famine et de maladies pourrait provoquer davantage de morts encore à Gaza", a prévenu l'organisation.

Outre les bombardements aériens, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza qui lui a permis d'avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs.

Vendredi, elle a déploré la mort de deux soldats, ce qui porte à 139 le nombre de ses militaires tués à Gaza. L'armée a assuré avoir tué "plus de 2.000 terroristes" à Gaza depuis le 1er décembre.

Dans des quartiers de la ville de Gaza, dont Choujaïya, les combats entre soldats et combattants ont lieu de rue en rue, souvent d'immeuble en immeuble. Israël annonce régulièrement la destruction de tunnels, d'infrastructures du Hamas et la saisie d'armes, et le mouvement palestinien annonce la destruction de chars et de véhicules militaires israéliens.

Un porte-parole de l'armée, Avichay Adraee, a donné vendredi un nouvel ordre d'évacuation aux habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) et des quartiers alentours. "Pour votre sécurité, vous devez vous rendre immédiatement à Deir el-Balah", plus au sud.

- "Aucun lieu sûr" -

L'aviation israélienne a ciblé de nouveau Rafah, où des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge après des ordres de l'armée de se rendre dans le sud pour éviter les bombardements.

"Nous étions à la maison avec les enfants, et soudain, vers 03h30 du matin, nous avons entendu comme un tremblement de terre. La maison s'est effondrée sur nous et nous avons commencé à courir (...) L'occupation ment, cette zone est supposée être la plus sûre, mais ils l'ont frappée. Il n'y a aucun lieu sûr", lance Shehda al-Kurd, un habitant de Rafah.

Avant le blocus et le siège de la bande de Gaza, Israël a occupé le territoire palestinien de 1967 à 2005, année de son retrait unilatéral.

Dans ce contexte explosif, les efforts se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de plus d'aides.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, basé à Doha, se trouve chez le médiateur égyptien et Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique qui combat au côté du Hamas et détient aussi des otages, est attendu bientôt au Caire.

Israël dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis, deux autres médiateurs.

Mais les belligérants restent intransigeants.

Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages.

Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

- Vote vendredi? -

A New York, un nouveau texte édulcoré désormais au goût des Américains qui ne voulaient pas d'un appel à une cessation des hostilités devrait être en principe approuvé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU.

Depuis lundi, ses membres tentent de s'accorder sur un texte pour éviter un veto des Etats-Unis, des alliés d'Israël, qui ont déjà bloqué deux précédentes résolutions.

Sans oublier les craintes d'un débordement du conflit et les tensions ravivées au-delà de la région.

A la frontière d'Israël avec le Liban, les échanges de tirs parfois meurtriers entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, sont quotidiens.

En mer Rouge, la menace d'attaques sur le trafic maritime international par les rebelles Houthis du Yémen, solidaires des Palestiniens, a provoqué un ralentissement du commerce mondial. Les Etats-Unis ont mis en place une coalition pour défendre les navires en mer Rouge.

bur/tp/vl

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.