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À Ankara, Blinken promet plus d'aide pour Gaza "dans les jours à venir"


Lundi 6 novembre 2023 à 14h24

Ankara, 6 nov 2023 (AFP) — Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a promis lundi en Turquie une extension "dans les jours à venir" de l'aide humanitaire à destination des habitants de la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne.

"Nous travaillons très activement pour obtenir davantage d'aide humanitaire (...) et je pense que vous verrez dans les jours à venir que l'aide peut être étendue de manière significative", a déclaré le chef de la diplomatie américaine au terme d'un tête-à-tête de deux heures et demie à Ankara avec le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Venu avec pour mission d'apaiser la colère d'Ankara, allié de l'Otan qui dénonce avec véhémence la réponse israélienne à l'attaque meurtrière perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas, M. Blinken a affirmé que "de gros progrès" avaient été réalisés "ces derniers jours" pour venir en aide aux civils gazaouis.

De son côté, et tandis que des centaines de manifestants pro-Palestiniens étaient réunis aux abords de son ministère à Ankara, M. Fidan a demandé à son homologue américain un cessez-le-feu "immédiat" et "complet" dans la bande de Gaza, a indiqué une source diplomatique turque, ce à quoi s'opposent jusqu'ici les Etats-Unis, qui privilégient des "pauses" afin d'acheminer l'aide humanitaire.

La colère contre Israël et l'Occident -- exprimée à plusieurs reprises par le président turc Recep Tayyip Erdogan -- s'était encore manifestée dimanche dans le sud-est de la Turquie.

La police turque a dû faire usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser des centaines de manifestants qui s'étaient rassemblés devant une base aérienne abritant des forces américaines.

Plus de 10.000 personnes ont été tuées, selon le gouvernement du Hamas, dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de l'offensive israélienne.

L'opération a débuté après que des combattants du Hamas ont tué plus de 1.400 personnes et emmené plus de 240 personnes dans la bande de Gaza qu'ils contrôlent, d'après les autorités israéliennes, lors de l'attaque la plus meurtrière de l'histoire d'Israël.

- "Larmes de crocodile" -

Cette guerre menace d'avoir d'importantes répercussions sur les relations entre Washington et la Turquie, membre de l'Otan et très active au Moyen-Orient.

M. Blinken s'est toutefois dit convaincu lundi que la Turquie honorerait son "engagement" de donner son feu vert à l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique, toujours suspendue à un vote du parlement turc.

Les Etats-Unis ont pour leur part renforcé les sanctions à l'encontre des personnes et des entreprises turques soupçonnées d'aider la Russie à échapper aux sanctions et à importer des équipements utilisés dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Ankara n'apprécie pas que le Congrès américain retarde l'approbation d'un accord soutenu par le président Joe Biden, qui vise à moderniser l'armée de l'air turque avec des avions de chasse F-16.

La Turquie exprime également, depuis longtemps, des réserves sur le soutien américain aux forces kurdes en Syrie qui ont mené la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), qu'Ankara considère comme affiliées au mouvement kurde du PKK, interdit en Turquie.

La visite de M. Blinken faisait suite à une tournée éclair au Moyen-Orient, au cours de laquelle il s'est rendu en Cisjordanie pour s'entretenir dimanche avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Le diplomate américain avait déjà fait face à un concert d'appels arabes en faveur d'un cessez-le-feu. Israël affirme qu'il pourrait accepter une pause humanitaire pour permettre l'acheminement d'une aide supplémentaire, mais uniquement à condition que le Hamas libère tous ses otages.

M. Blinken a soutenu la position israélienne, tout en essayant d'assurer aux acteurs régionaux que Washington s'attachait à soulager les souffrances de la population civile à Gaza.

Lundi à Ankara, il a encore affirmé que Washington avait demandé à Israël de "minimiser les pertes civiles".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.