Jeudi 25 mai 2023 à 15h55
Paris, 25 mai 2023 (AFP) — Une dizaine de personnes, dont des militaires du Centre régional de secours en mer, ont été placées en garde à vue dans l'enquête sur la mort de 27 migrants après le naufrage de leur bateau dans la Manche fin 2021, a appris l'AFP jeudi de sources proches du dossier.
Selon l'une de ces sources, ces gardes à vue sont finies et une partie de ces personnes sont en cours de présentation devant le magistrat instructeur de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du tribunal judiciaire de Paris, en vue d'une éventuelle mise en examen.
Le fait que certains des mis en cause soient des militaires du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Gris Nez (Cross, Pas-de-Calais) pourraient entraîner des spécificités procédurales.
Dans ce dossier, les autorités françaises sont soupçonnées d'avoir été appelées à l'aide à une quinzaine de reprises et de ne pas être venues en aide aux migrants la nuit du naufrage.
Sollicité par l'AFP, le directeur du Cross Gris-Nez n'a pas souhaité réagir.
"Tous les opérateurs actuellement au Cross Gris-Nez ou embarqués ont toute la confiance du préfet pour conduire les opérations de sauvetage en mer", a indiqué à l'AFP la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.
"L'affaire suit son cours et l'instruction n'est pas de notre ressort", a-t-elle ajouté, se refusant à tout autre commentaire.
Le canot a coulé au petit matin du 24 novembre 2021, emportant 27 passagers, majoritairement des Kurdes irakiens, âgés de 7 à 46 ans.
Personne ne leur est venu en aide. Ni côté français, ni côté britannique, chacun passant la nuit à se renvoyer la balle, selon des documents de l'enquête consultés par l'AFP.
Ces éléments, qui concordent avec les déclarations des deux survivants, ont secoué le Cross Gris-Nez, chargé des secours dans la Manche, et ont suscité la "consternation" des associations d'aide aux migrants.
Lors de précédentes auditions dans cette enquête, des agents du Cross avaient invoqué le manque de moyens qui contraint "à prioriser". Ce soir-là, le Cross a traité "des centaines, voire des milliers d'appels", avait rapporté l'un d'eux.
"Si à un quelconque moment il y a eu un manquement, une erreur, les sanctions seront prises", avait aussi assuré en novembre le secrétaire d'Etat Hervé Berville, reconnaissant un "effroi" à la lecture des informations de presse.
Dix passeurs présumés, majoritairement afghans, ont été mis en examen dans l'information judiciaire parisienne sur ce drame, qui a fait monter la tension entre Paris et Londres. Mais sans décourager les candidats à l'Angleterre.
Une enquête est également en cours outre-Manche. Les autorités britanniques ont annoncé fin novembre avoir arrêté un homme, "suspecté d'être un membre du groupe criminel organisé qui a conspiré pour transporter les migrants au Royaume-Uni à bord d'un petit bateau".
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.