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Lyon: enquête après des plaintes d'opposants à Erdogan affirmant avoir été agressés


Jeudi 11 mai 2023 à 16h41

Lyon, 11 mai 2023 (AFP) — Une enquête policière est en cours après des plaintes pour violences déposées par des membres turcs du parti d'opposition YSP, affirmant avoir été "agressés" lors du vote à Lyon pour les Turcs de l'étranger, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

La police a confirmé à l'AFP avoir enregistré à son commissariat de Villeurbanne (Rhône) trois plaintes pour des violences commises mardi soir devant le bureau de vote de Décines (Rhône), précisant qu'une enquête était "en cours".

Dans un communiqué mercredi soir, le YSP (Yesil Sol Parti, Parti de la gauche verte) a indiqué qu'après "la clôture des élections mardi (...), un groupe d'ultranationalistes s'en est pris aux assesseurs et représentants du YSP en les attaquant à la sortie du bureau de vote".

Contacté par l'AFP, le signataire de ce communiqué, Tuna Altinel a expliqué avoir été "agressé" lui-même ainsi que trois autres assesseurs vers 22H00 "par des hommes sorties d'un foule d'une quarantaine de personnes d'autres scandant le nom d'Erdogan et de l'AKP".

"Nous avons été frappés à la tête, au dos. Les blessures nécessitent de deux à cinq jours d'ITT (interruption temporaire de travail", a précisé M. Altinel, membre de ce parti prokurde en Turquie.

Mathématicien reconnu de l'Université Lyon 1, M. Altinel avait été bloqué pendant deux ans en Turquie de 2019 à 2021, dont trois mois passés en prison. Les autorités lui avaient confisqué son passeport, l'accusant d'appartenir à une organisation "terroriste", en raison de sa participation en France à la réunion d'une amicale kurde où il avait servi d'interprète.

Les faits visés par les trois plaintes se sont produits, selon lui, sur le site de l'association DITIB, dépendante du ministère turc du culte, à Décines (Rhône), en banlieue de Lyon, où avait lieu le vote dans un local annexe de la mosquée.

"Tout ceci n'aurait pas eu lieu si le vote avait été organisé dans des locaux neutres, plutôt que dans le complexe de la DITIB, dont les membres ont essayé de nous intimider. Et ces intimidations aboutissent à des violences", a-t-il affirmé.

Quelque 3,4 millions d'électeurs turcs sont inscrits à l'étranger, dont près de 400.000 en France selon l'agence étatique Anadolu. Les bureaux de vote ont fermé mardi soir. Des incidents ont eu lieu également à Marseille et à Amsterdam pendant les sessions votes organisées pour les électeurs turcs de l'étranger.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.