Mercredi 12 avril 2023 à 22h55
Paris, 12 avr 2023 (AFP) — De trois ans avec sursis à six ans de prison ont été requis mercredi à l'encontre de 11 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), jugés devant le tribunal correctionnel de Paris notamment pour extorsion et "financement du terrorisme".
Le procureur a demandé le maintien, ou l'envoi en détention de plusieurs des prévenus, des Kurdes originaires de Turquie, accusés notamment d'avoir collecté un "impôt révolutionnaire" auprès de commerçants pour financer le PKK dans le sud-est de la France.
Il s'est dit "pessimiste" concernant le caractère "dissuasif" des peines requises - la plupart sont assorties de sursis - "vu le degré d'engagement" de la majorité des prévenus.
Le PKK, engagé depuis 1984 dans une lutte armée pour un Kurdistan indépendant, est l'ennemi juré de la Turquie qui le classe comme organisation "terroriste", à l'instar de l'Union européenne et des Etats-Unis.
Dénonçant la "parfaite ambiguïté" de l'Etat français dans ses rapports avec les Kurdes, "alliés" quand ils combattent l'Etat islamique (EI) en Syrie mais "terroristes" quand ils se battent contre la Turquie, les avocats de la défense ont contesté avec insistance cette qualification depuis le début du procès.
Le procureur Xavier Laurent a lui consacré une large partie de ses réquisitions à cette question.
On cherche "un signal de votre juridiction", mais "sans surprise, je ne vous proposerai pas de révolution là dessus", prévient-il.
"Il n'est pas question de savoir qui est le bon, et qui est le mauvais, il est question de droit", dit-il aussi, et le tribunal n'a pas à faire de "politique".
Les "exactions graves" commises par l'Etat turc contre le peuple kurde, et rappelées à l'audience, ne doivent pas faire oublier que le PKK "n'a pas déposé les armes", a des "modes opératoires qui sont toujours ceux d'une organisation terroriste", martèle-t-il.
A l'audience, les prévenus ont fait le choix de nier contre l'évidence leur appartenance au mouvement, tout en reconnaissant une "sympathie" pour une organisation "sans qui les Kurdes seraient tous morts", comme a dit l'un d'eux.
Concernant les accusations de collecte de l'impôt révolutionnaire, ils ont aussi "choisi de tout rejeter en bloc", regrette le procureur, rappelant la quantité d'écoutes, témoignages et registres de collecte retrouvés en perquisition, mettant à mal les "dénégations fantaisistes" des prévenus".
L'audience se poursuit jeudi avec les plaidoiries de la défense.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.