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Turquie: le parti prokurde apporte un soutien tacite à l'alliance de l'opposition


Mercredi 22 mars 2023 à 10h26

Istanbul, 22 mars 2023 (AFP) — Le parti prokurde HDP, troisième force politique turque, a annoncé mercredi qu'il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle du 14 mai, une décision interprétée comme un soutien tacite au candidat de l'alliance de l'opposition qui défiera le président Recep Tayyip Erdogan.

"Nous ne présenterons pas de candidat à la prochaine élection présidentielle", a déclaré la co-présidente du HDP (Parti démocratique des peuples), Pervin Buldan, lors d'une conférence de presse.

"La Turquie a besoin de réconciliation, pas de conflit", a lancé Mme Buldan.

Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé troisième avec 8,4% des suffrages exprimés, est considéré comme le faiseur de rois du scrutin de mai que les sondages prédisent disputé.

La formation prokurde, elle-même alliée à des micro-partis de gauche et d'extrême gauche, a été tenue à l'écart de la coalition de l'opposition, qui réunit six formations politiques, de par la présence en son sein du Bon Parti (nationaliste).

A moins de huit semaines de la présidentielle, l'annonce du HDP est vue comme susceptible de fragiliser les chances de réélection du président Erdogan, qui s'est maintenu au pouvoir depuis vingt ans en profitant des divisions de l'opposition.

Le chef de l'Etat doit en outre affronter les conséquences du séisme dévastateur du 6 février qui a fait plus de 50.000 morts dans le pays.

Le candidat de l'alliance de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, patron du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), avait multiplié ces derniers mois les contacts avec les cadres du HDP.

Lundi, il s'était entretenu avec ses deux co-présidents, Mithat Sancar et Pervin Buldan, s'engageant à l'issue de leur rencontre à résoudre le "problème kurde" une fois élu.

M. Kiliçdaroglu a notamment dénoncé les "discriminations" contre la langue kurde en Turquie, ainsi que le remplacement dans le Sud-Est à majorité kurde du pays de dizaines de maires HDP par des administrateurs nommés par le gouvernement.

Le HDP est accusé par le gouvernement turc d'être lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, et se trouve sous le coup d'une menace d'interdiction pour "terrorisme".

Selahattin Demirtas, sa figure de proue, est lui-même emprisonné depuis fin 2016 pour "propagande terroriste".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.