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Triple meurtre de militantes kurdes à Paris en 2013: ce que l'on sait de l'enquête


Samedi 7 janvier 2023 à 05h01

Paris, 7 jan 2023 (AFP) — En janvier 2013, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) étaient tuées à Paris. Dix ans plus tard, des juges d'instruction antiterroristes tentent toujours d'identifier d'éventuels complices du tireur présumé, décédé, qui aurait été en lien avec les services secrets turcs.

- Mort du tireur en 2016 avant son procès

Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, Fidan Dogan, 28 ans et Leyla Saylemez, 24 ans - sont tuées par balles dans l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan (CIK) situé dans le Xe arrondissement.

Aidés notamment par la vidéosurveillance, les enquêteurs identifient un suspect, Omer Güney, arrêté huit jours après les faits et mis en examen pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste.

D'abord présenté comme un proche du PKK, ennemi juré d'Ankara, ce ressortissant turc, agent d'entretien à l'aéroport de Roissy, est ensuite soupçonné d'être proche des milieux ultranationalistes turcs et d'avoir infiltré la communauté kurde en France à partir de 2011.

Un procès aurait peut-être permis d'en savoir plus mais le 17 décembre 2016, un mois avant le début du procès d'assises, Güney meurt d'un cancer à l'âge de 34 ans.

- Reprise des investigations en 2019

En 2017, les familles des victimes déposent une première plainte accompagnée de nouveaux documents étayant, selon elles, la thèse d'une "opération mûrement planifiée par les services secrets" turcs.

Le parquet de Paris classe la procédure mais une nouvelle plainte débouche sur la désignation en 2019 de juges d'instruction antiterroristes chargés de reprendre l'enquête en explorant d'éventuelles complicités.

Les juges d'instruction reçoivent plusieurs fois les parties civiles. Les investigations se poursuivent. Personne n'est mis en examen à ce jour.

"Le pouvoir politique empêche les juges de faire leur travail", déplore Antoine Comte, l'avocat de la famille d'une des trois victimes, selon qui plusieurs demandes de déclassification de documents sont restées infructueuses.

Début décembre, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a exhorté les autorités françaises à lever le secret défense entourant cette enquête pour mettre fin à "l'impunité".

- L"'implication" des services secrets turcs

La première enquête, close en mai 2015, avait pointé "l'implication" d'agents turcs mais sans désigner de commanditaires.

Selon Me Comte, les "liens (de M. Güney) avec les services turcs (MIT, ndlr) étaient démontrés par de nombreux éléments du dossier".

Güney "était suspecté d'être un ultranationaliste turc et il y avait assez peu de doutes sur l'existence de liens avec les services secrets turcs", indique à l'AFP son ancien avocat Xavier Nogueras.

"Mais la question que se posaient les juges était de savoir si un ordre était venu du MIT ou si c'est lui qui s'était manifesté auprès du MIT pour savoir s'il pouvait (leur) servir à quelque chose", selon Me Nogueras.

Des médias turcs avaient diffusé l'enregistrement d'une conversation entre un homme présenté comme Güney et deux agents turcs, ainsi qu'un document s'apparentant à un "ordre de mission".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.