Page Précédente

L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti libérée à Téhéran


Mercredi 4 janvier 2023 à 17h48

Paris, 4 jan 2023 (AFP) — L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée sous caution mercredi après trois semaines de détention pour avoir soutenu les manifestations en Iran, ont indiqué des médias iraniens.

L'Iran est secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique.

Les responsables iraniens affirment que des centaines de personnes ont été tuées dans ces troubles, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d'autres arrêtées.

Mme Alidoosti, 38 ans, était détenue dans la prison d'Evine, à Téhéran, depuis le 17 décembre après avoir publié plusieurs messages sur les réseaux sociaux affichant son soutien au mouvement de contestation, dont certains avec des photos sur lesquelles elle ne portait pas de voile et condamnait l'exécution de manifestants.

"Ma cliente a été libérée sous caution aujourd'hui", a annoncé mercredi son avocate Zahra Minooee à l'agence de presse Isna.

Des photos publiées sur Twitter la montre tête nue, sans voile, portant un bouquet de fleurs et discutant au téléphone, à sa sortie de prison.

D'autres photos la montrent dans une voiture tirant la langue et faisant le V de la victoire avec ses doigts.

L'actrice était la personnalité la plus célèbre arrêtée en lien avec les manifestations.

Elle est notamment connue pour avoir joué dans des films primés du réalisateur Asghar Farhadi, dont "Le Client", Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017. Elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi "Leïla et ses frères", présenté cette année au Festival de Cannes.

- "Quelle joie" -

Le Festival de Cannes a salué sa libération dans un tweet publiant une photo d'elle sans voile.

"L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée après trois semaines de détention: quelle joie et soulagement! Restons impliqués!", a-t-il écrit.

Près de 500 personnalités et travailleurs du monde du cinéma, comme l'actrice française Marion Cotillard ou le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, avaient appelé en décembre dans une lettre ouverte à sa libération immédiate.

Emma Thompson, Golshifteh Farahani, Kristen Stewart, Jeremy Irons et Mark Ruffalo entre autres jugeaient que le moment choisi pour son arrestation, peu avant Noël, visait à "faire en sorte que ses collègues à l'international soient distraits".

"Mais nous ne sommes pas distraits. Nous sommes révoltés", disaient-ils dans la lettre.

"Taraneh a été arrêtée pour avoir condamné sur Instagram l'exécution de Mohsen Shekari, le premier manifestant condamné à mort depuis le début des manifestations à l'échelle nationale qui ont suivi le meurtre brutal par la police de la Kurde iranienne Mahsa Amini en septembre", ajoutent-ils.

"Comme tous les citoyens d'Iran, elle a le droit à la liberté d'expression, à la liberté d'association et d'être libre de toute arrestation et détention arbitraires. Nous sommes solidaires et exigeons sa libération immédiate", ont-ils encore dit.

Depuis son arrestation, le compte Instagram de l'actrice, suivie par plus de 8 millions de personnes, reste inaccessible.

"Votre silence signifie que vous soutenez l'oppression et l'oppresseur", avait-elle déclaré lors de son dernier message publié sur les réseaux sociaux, le jour où Mohsen Shekari, 23 ans, était devenu le premier manifestant exécuté par les autorités iraniennes.

Elle avait aussi annoncé ne pas souhaiter quitter l'Iran, se disant prête à "payer n'importe quel prix pour (ses) droits".

Le 9 novembre, elle avait posté une photo d'elle-même sans voile, avec une pancarte où se lisaient "Femme, vie, liberté", le principal slogan des manifestations.

Selon l'agence de presse judiciaire Mizan Online, l'actrice avait été arrêtée "sur ordre de l'autorité judiciaire" car elle "n'avait pas fourni les preuves concernant certaines de ses affirmations" concernant les manifestations.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.