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Tirs meurtriers à Paris: l'enquête se poursuit pour déterminer le mobile du suspect


Samedi 24 decembre 2022 à 04h02

Paris, 24 déc 2022 (AFP) — Les enquêteurs poursuivent samedi leurs investigations pour déterminer les raisons qui ont poussé un homme de 69 ans, déjà poursuivi pour une agression raciste, à ouvrir le feu vendredi à Paris, près d'un centre culturel kurde, faisant trois morts et trois blessés.

Peu avant midi vendredi, rue d'Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale, le suspect, un conducteur de train à la retraite de nationalité française, a fait usage de son arme à plusieurs reprises.

Trois personnes sont décédées (une femme et deux hommes), un homme a été sérieusement blessé et deux hommes moins grièvement, selon le dernier bilan.

Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur place dans l'après-midi, deux personnes ont été tuées devant le centre culturel kurde Ahmet-Kaya et la troisième dans un restaurant proche.

Aucun détail n'a fuité sur le profil des victimes, qui n'étaient pas "connues des services français", selon le ministre.

L'homme "a été interpellé immédiatement après les faits et placé en garde à vue", a indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau. Une enquête a été ouverte pour assassinat, tentative d'assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes.

Les investigations ont été confiées à la police judiciaire.

Le tireur présumé, légèrement blessé au visage lors de son arrestation, est connu de la justice.

Il a été condamné en juin dernier à douze mois d'emprisonnement pour des violences avec armes commises en 2016, condamnation dont il a fait appel.

Cet homme a par ailleurs été mis en examen en décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste, et dégradations pour des faits commis le 8 décembre 2021. Dans cette deuxième affaire, il est soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche des migrants d'un campement du XIIe arrondissement et d'avoir lacéré leurs tentes, avait relaté à l'époque une source policière.

Après un an en détention provisoire, il a été remis le 12 décembre en liberté, comme l'exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, a indiqué la procureure.

- Mobile raciste ? -

En 2017, l'homme avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour détention prohibée d'armes.

Il est en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et "n'était pas fiché comme étant quelqu'un de l'ultradroite", selon Gérald Darmanin.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le mobile du racisme est une des pistes explorées mais doit être confirmée notamment par les déclarations du suspect lors de sa garde à vue.

La piste d'un attentat terroriste a, elle, été écartée à ce stade des investigations, selon la procureure.

Le matin des faits, "il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a déclaré à l'AFP le père du suspect âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé".

Il a "voulu s'en prendre à des étrangers" et "manifestement agi seul", a estimé M. Darmanin, précisant qu'il fréquentait un stand de tir.

"Il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", a-t-il souligné, alors que des rumeurs d'attaque "politique" étaient relayées par la communauté kurde.

Les "motifs racistes des faits" vont "évidemment faire partie des investigations, a renchéri Laure Beccuau lors d'un point presse.

"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a-t-elle précisé en fin de journée dans son communiqué.

L'émotion a gagné la communauté kurde très présente dans ce quartier, qui a évoqué un acte "terroriste" et mis en cause la Turquie. De violents incidents ont éclaté avec les forces de l'ordre, et une personne a été interpellée, a indiqué à l'AFP une source policière.

Le préfet de police Laurent Nuñez doit recevoir samedi matin des responsables de la communauté kurde, qui ont par ailleurs annoncé une manifestation à la mi-journée à Paris.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.