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Contestation en Iran: Téhéran appelé à libérer une célèbre actrice


Dimanche 18 decembre 2022 à 14h39

Paris, 18 déc 2022 (AFP) — L'Iran fait face dimanche à une série d'appels de célébrités et groupes de défense des droits humains pour que soit libérée l'actrice et militante Taraneh Alidoosti, personnalité la plus renommée arrêtée en lien avec le mouvement de contestation agitant le pays depuis trois mois.

Figure du cinéma iranien, Taraneh Alidoosti, 38 ans, a été arrêtée samedi pour des publications en soutien aux protestations, dénonçant notamment l'exécution de manifestants ou dans lesquelles on la voit enlever son voile.

La contestation en Iran a été déclenchée par la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, strict pour les femmes.

Depuis, des centaines de personnes ont été tuées, des milliers arrêtées et deux hommes de 23 ont été pendus en lien avec les troubles.

Plusieurs artistes iraniens ont également été interpellés. Dimanche, Amir Maghareh, le chanteur du groupe de pop Makanband, a été "convoqué en tant qu'accusé" et a "quitté le parquet après avoir donné des explications, reçu un avertissement et pris un engagement", a annoncé Mizan Online, l'agence de la justice, sans plus de précisions.

De toutes les personnalités ciblées, Taraneh Alidoosti est celle qui jouit de la plus grande renommée à l'international pour avoir joué dans des films primés du réalisateur Asghar Farhadi, dont "Le client", Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017.

- "Free Taraneh Alidoosti" -

Actrice depuis son adolescence, elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi "Leïla et ses frères", présenté cette année au Festival de Cannes.

"La courageuse actrice d'Iran a été arrêtée", a écrit sur Instagram sa consoeur Golshifteh Farahani, qui a débuté sa carrière en Iran avant de fuir.

"Cette photo a été prise en juillet 2008 juste avant que je quitte l'Iran pour de bon", a-t-elle ajouté, sous une photo des deux actrices, accompagnée du hashtag "Free Taraneh Alidoosti".

"Taraneh Alidoosti est l'une des actrices les plus talentueuses et reconnues d'Iran", a écrit Cameron Bailey, directeur du festival du film de Toronto, au Canada. "J'espère qu'elle sera libérée bientôt pour continuer à représenter la force du cinéma iranien".

La justice iranienne a indiqué samedi que des "célébrités", dont Taraneh Alidoosti, avaient été arrêtées "à la suite de commentaires sans fondement sur les événements récents et la publication de matériel provocateur soutenant des émeutes de rue".

Le mois dernier, deux autres actrices ayant exprimé leur solidarité avec le mouvement de contestation et retiré leurs voiles en public avait été arrêtées, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi. Elles ont été libérées sous caution depuis.

- "Honte" -

"Des femmes sont arrêtées et emprisonnées en Iran pour avoir refusé de porter le hijab obligatoire, dont des actrices célèbres comme Taraneh Alidoosti. Le pouvoir des voix des femmes terrifie les dirigeants de la République islamique", a estimé le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York.

L'actrice avait notamment dénoncé le 8 décembre la pendaison de Mohsen Shekari.

"Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l'humanité", avait-elle écrit sur sa page Instagram, suivie par plus de huit millions de personnes et qui n'était plus accessible dimanche.

En novembre, elle avait promis de rester dans son pays et de "payer le prix" qu'il faudrait pour défendre ses droits.

Plusieurs personnalités du cinéma iranien ont été inquiétées ou arrêtées par les autorités avant même l'actuelle vague de contestation, comme les réalisateurs Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi, toujours en détention.

La répression touche aussi le milieu sportif. L'ancien footballeur de la sélection iranienne possédant également la nationalité allemande, Ashkan Dejagah, est interdit de quitter l'Iran, a annoncé dimanche le journal sportif Khabar Varzeshi.

Cette décision est liée à la présence du joueur "dans les manifestations [contre la République islamique] organisées en Allemagne", a affirmé la même source.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.