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Dix ans après le triple assassinat de militantes kurdes à Paris, appel à lever le secret défense


Mardi 6 decembre 2022 à 13h05

Paris, 6 déc 2022 (AFP) — Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a exhorté mardi les autorités françaises à lever le secret défense concernant l'assassinat de trois militantes kurdes en plein Paris en janvier 2013, réclamant la fin de l'"impunité" dans cette affaire jamais jugée.

"Triple assassinat des militantes kurdes à Paris: 10 ans d'infamie, ça suffit ! Levez le secret défense !", interpelle dans un communiqué le CDK-F, qui dit fédérer 26 associations de la diaspora kurde en France.

Le CDK-F appelle à déclassifier "des informations détenues par les différents services du renseignement français" sur cette affaire.

Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été tuées de plusieurs balles dans la tête dans un appartement du Xe arrondissement de Paris.

Le CDK-F accuse depuis des années le service de renseignement turc (MIT) et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat, perpétré, selon le CDK-F, par un agent du MIT.

L'enquête en France avait relevé "l'implication" de membres des services secrets turcs dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires.

Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, cet homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.

Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans l'assassinat. Une information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.

"Dix ans après, l'horreur, la tristesse et la colère restent toujours vivantes dans le coeur et la mémoire des Kurdes et de leurs amis", souligne le CDK-F.

"Sollicités à plusieurs reprises par les juges d'instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret défense", déplore-t-il.

"En refusant de lever le secret défense, la France commet un déni de justice et entretient l'impunité d'un crime politique et terroriste. La mort de l'assassin présumé, Ömer Güney, n'y change rien, puisque les commanditaires sont toujours vivants", estime le CDK-F.

Le 4 janvier, une marche blanche est prévue par le CDK-F jusqu'au 147 rue La Fayette, dans le Xe arrondissement, où le triple assassinat a eu lieu.

Le CDK-F appelle les Kurdes de la diaspora en Europe à converger à Paris le 7 janvier pour une grande marche, appelant citoyens et élus français, défenseurs de la justice, organisations politiques, syndicales et associatives à se joindre à la manifestation.

Le 9 janvier, une cérémonie d'hommage sera organisée devant le 147 rue La Fayette et le 12 janvier se tiendra un colloque à l'Assemblée nationale sur le sujet, selon le CDK-F.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.