Mercredi 23 novembre 2022 à 14h33
Istanbul, 23 nov 2022 (AFP) — La Turquie continue de viser des positions de combattants kurdes dans le nord de la Syrie, prélude à une possible campagne terrestre de nouveau évoquée mercredi par le président Recep Tayyip Erdogan pour sécuriser sa frontière méridionale.
"Notre détermination à protéger toutes nos frontières sud (...) par une zone de sécurité est plus forte aujourd'hui que jamais", a déclaré le chef de l'Etat.
Ankara a lancé dimanche l'opération Griffe Epée, multipliant les raids aériens et les tirs d'artillerie contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG).
Le gouvernement turc accuse ces deux mouvements - qui ont démenti - d'avoir commandité l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés le 13 novembre à Istanbul.
"La Turquie a les moyens d'aller chercher et de punir les terroristes impliqués dans des attaques contre (elle) à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières", a lancé M. Erdogan devant le groupe de son parti AKP à l'Assemblée.
D'ici là, a-t-il mis en garde, "nous allons poursuivre nos opérations aériennes sans interruption et nous entrerons sur le terrain des terroristes au moment qui nous semblera opportun".
Le chef de l'Etat a précisé ses objectifs prioritaires, citant les localités syriennes de Tal Rifaat, Manbij et Ayn al-Arab (Kobané en kurde), afin de sécuriser la frontière sud de la Turquie en établissant une zone de sécurité large de 30 km.
La ville emblématique de Kobané, bastion kurde des YPG repris en 2015 aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) avec le soutien occidental, a déjà été visée par l'artillerie turque mardi soir.
"Les raids aériens devraient se poursuivre un moment", a indiqué mercredi à l'AFP un haut responsable turc.
"Nos unités militaires sont en alerte", a ajouté cette même source sous couvert d'anonymat, rappelant que des troupes turques sont déployées dans le Nord syrien "depuis trois ans".
- "Frappes punitives" -
Des responsables kurdes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ONG indépendante basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, ont fait état de frappes de drones mercredi sur de nombreux points de la province de Hassaké (nord-est de la Syrie), dont une raffinerie de gaz et une station de pompage de pétrole.
Un combattant kurde a été tué et trois autres blessés mercredi dans une attaque de drone menée par l'armée turque contre une base russe de la même province, a indiqué à l'AFP un responsable des forces kurdes.
L'artillerie turque a également frappé les environs de la prison de Jerkin à Qamichli, qui détient les détenus jihadistes du groupe Etat islamique (EI), selon l'OSDH et des responsables kurdes.
Selon le ministre turc de la Défense Hulusi Akar, les frappes "punitives" conduites par l'aviation et l'artillerie turques ont visé à ce stade "471 cibles et 254 terroristes (ont été) neutralisés".
"La seule cible des forces armées turques sont les terroristes", a-t-il assuré. "Nous n'avons aucun problème avec quelque groupe ethnique, religieux, ou avec nos frères kurdes ou arabes", a insisté M. Akar.
Ankara, qui menace depuis mai de s'en prendre aux positions du PKK et des YPG, réaffirme avec insistance depuis lundi son intention de poursuivre ses opérations par voie terrestre - malgré les appels au calme lancés depuis Washington et Moscou.
Par ailleurs, Recep Tayyip Erdogan a réitéré mercredi ses accusations à l'encontre des pays qui leur ont apporté leur soutien, visant implicitement les Etats-Unis.
"Ces puissances qui nous ont garanti qu'il n'y aurait aucune menace provenant de ces régions sous leur contrôle n'ont pas été capables de tenir leur parole", a-t-il dénoncé.
"Par conséquent, nous avons le droit de gérer nous-mêmes nos affaires" en Syrie, a-t-il conclu.
Mardi soir, le porte-parole des YPG Nouri Mahmoud déplorait, lui, "les déclarations timides des pays garants et de la coalition internationale" qui ont soutenu les YPG pour contrer le groupe EI en Syrie, désignant sans les nommer Washington et Moscou.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.