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Royaume-Uni: les postes clés du gouvernement à des ministres issus de la diversité


Mardi 6 septembre 2022 à 20h48

Londres, 6 sept 2022 (AFP) — Pour la première fois de son Histoire, le Royaume-Uni ne compte pas d'homme blanc aux quatre postes les plus importants de son gouvernement. La Première ministre Truss a choisi des personnes issues de la diversité, avec toutefois le parcours classique de l'élite du pays.

Liz Truss est la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May. Elle a été élue par la majorité des quelques 142.000 adhérents votants du Parti conservateur, principalement des hommes âgés et blancs, face à Rishi Sunak, petit-fils d'immigrés indiens.

Après avoir été reçue par la reine Elizabeth II, elle a annoncé mardi son gouvernement. James Cleverly est le premier noir à devenir chef de la diplomatie de la Grande-Bretagne: il a grandi dans le sud-est de Londres, avec une mère originaire de Sierra Leone.

Kwasi Kwarteng est aussi le premier noir à occuper le poste de Chancelier de l'Echiquier. Il est le fils d'immigrés du Ghana arrivés au Royaume-Uni dans les années 60. Il prend la suite de Nadhim Zahawi, un Kurde né en Irak.

Suella Braverman, dont les parents d'origine indienne sont arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960 depuis le Kenya et Maurice, devient ministre de l'Intérieur. Quand elle avait été élue députée en 2015, elle avait prêté serment sur le Dhammapada, un des textes bouddhistes les plus connus.

Le visage de l'exécutif britannique a radicalement changé en quelques années. Le pays a eu son premier membre du gouvernement noir en 2002, sous le gouvernement travailliste de Tony Blair. Et en 2010, son premier ministre musulman sous le conservateur David Cameron.

C'est d'ailleurs sous l'impulsion de Cameron que les choses ont commencé à bouger chez les conservateurs: il s'est mobilisé pour que des femmes et des personnes issues de la diversité se présentent au Parlement, souhaitant que son parti soit davantage à l'image du Royaume-Uni moderne.

Les conservateurs ont désormais fait de plus grands progrès en matière de diversité ethnique et de genre dans leurs rangs supérieurs que l'opposition travailliste, qui n'a pas encore élu de femme à sa tête.

- Ligne dure -

Mais avoir étudié dans les écoles et universités de l'élite semble toujours être incontournable.

Kwasi Kwarteng est passé par le collège d'Eton, l'école secondaire - pour garçons - attitrée de la famille royale et de l'aristocratie du monde entier, où sont passés David Cameron et Boris Johnson avant lui, avant d'aller à Cambridge.

C'est également dans cette université prestigieuse qu'a étudié Suella Braverman. James Cleverly a été éduqué lui aussi dans le privé, avant d'entrer dans l'armée.

"C'est sur l'origine sociale qu'il faut vraiment progresser. (...) Nous avons besoin de davantage de politiques qui viennent d'un milieu social ordinaire", estime Rob Ford, professeur de Sciences politiques à l'université de Manchester.

"Mais l'origine ethnique compte", complète-t-il. "On entend des gens issus des minorités dire : +Ils (les politiques, ndlr) ne nous représentent pas+. Il est donc important d'avoir des gens autour de la table qui partagent ces expériences de discrimination ou de racisme".

Avec ce nouveau gouvernement, faut-il pour autant attendre une politique pro-diversité? Certaines positions des nouveaux ministres sont déjà connues.

Suella Braverman est admirée à droite pour ses attaques contre l'idéologie "woke", qui dénonce les injustices subies par les minorités mais dont les supposés excès sont devenus la bête noire des conservateurs du monde entier.

Elle soutient ardemment le plan qui consiste à renvoyer les migrants illégaux au Rwanda, lancé par sa prédécesseuse Priti Patel, dont les parents étaient également originaires d'Inde.

"Je ne pense pas qu'un ministre conservateur issu de la diversité aura forcément des vues progressistes. (...) Plutôt le contraire", dit Rob Ford. "Ils ont eu une ligne dure sur le Rwanda, l'immigration. C'est plus facile pour eux de dire certaines choses et de rejeter les accusations de racisme".

"Certains ont des vues extrêmement individualistes", ajoute l'expert. "Et leur position, c'est: +Tout le monde peut réussir quelle que soit son origine sociale+".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.