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Iran: deux lesbiennes et militantes LGBTQ condamnées à mort


Lundi 5 septembre 2022 à 18h17

Paris, 5 sept 2022 (AFP) — Deux lesbiennes et militantes LGBTQ accusées de promouvoir l'homosexualité, ont été condamnées à mort en Iran, ont rapporté des activistes lundi en exhortant la communauté internationale à empêcher leur exécution.

Zahra Sedighi Hamedani, âgée de 31 ans, et Elham Chubdar, 24 ans, ont été condamnées par un tribunal dans la ville d'Ourmia (nord-ouest), a rapporté lundi l'organisation de défense des droits humains kurde "Hengaw".

Selon l'ONG, les deux jeunes femmes ont également été accusées de promouvoir la religion chrétienne et d'avoir communiqué avec un média opposé au régime iranien.

Les deux activistes sont actuellement détenues dans le quartier réservé aux femmes de la prison de Ourmia.

Une autre femme, Soheila Ashrafi, 52 ans, originaire de Ourmia, visée par les mêmes accusations, a également été arrêtée. Elle est en attente de connaître son verdict.

Dans un communiqué publié lundi sur son site Mizan Online, l'Autorité judiciaire a confirmé la condamnation à mort de Zahra Sedighi Hamedani et Elham Chubdar, pour "corruption sur terre". Il s'agit de la charge la plus grave du code pénal iranien.

Shadi Amin, coordinatrice de l'organisation iranienne de défense des droits des personnes LGBTQ "6Rang", basée en Allemagne, a également confirmé à l'AFP les verdicts à l'encontre des deux jeunes femmes.

"Nous exhortons maintenant l'Allemagne et d'autres gouvernements étrangers à faire pression" sur l'Iran afin de parvenir à la libération des militantes, a-t-elle déclaré à l'AFP.

"C'est la première fois qu'une femme est condamnée à mort en Iran en raison de son orientation sexuelle", a-t-elle affirmé.

Le sort d'une militante iranienne pro-LGBTQ de premier plan, Sedighi Hamedani - connue sous le nom de Sareh -, suscite aussi de grandes inquiétudes depuis plusieurs mois.

Elle a été arrêtée en octobre 2021 par les forces de sécurité iraniennes alors qu'elle tentait de fuir en Turquie voisine.

Sedighi Hamedani a ensuite été emprisonnée à l'isolement pendant près de deux mois.

Selon l'ONG Hengaw, elle n'a pas eu le droit de voir un avocat durant sa détention en Iran, des agents ont menacé de l'exécuter, ont insulté son apparence physique, et l'ont prévenue qu'elle pourrait perdre la garde de ses deux enfants.

En janvier, Amnesty International avait indiqué que les accusations contre la militante étaient liées à sa défense des droits des personnes LGBTQ sur les réseaux sociaux et son apparition dans un documentaire de la BBC diffusé en mai 2021 sur les persécutions subies par les personnes LGBTQ au Kurdistan irakien, où elle se trouvait.

Avant son départ du Kurdistan irakien, où elle avait été détenue, Sedighi Hamedani avait envoyé des vidéos à l'ONG 6Rang, à rendre publiques si elle échouait à se mettre à l'abri.

"Nous, communauté LGBTQ, nous souffrons. Que cela mène à la mort ou à la liberté, nous resterons fidèles à nous mêmes", dit-elle dans une de ces vidéos.

"J'espère trouver la liberté", ajoute-t-elle, affirmant aussi avoir été torturée notamment par électrocution alors qu'elle était détenue au Kurdistan irakien.

Les défenseurs des droits humains accusent l'Iran de mener actuellement une vague de répression affectant tous les pans de la société. Ces militants dénoncent notamment des arrestations visant la minorité religieuse baha'ie, la hausse du nombre d'exécutions dans le pays et l'arrestation de ressortissants étrangers.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.