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Premier échange tendu à Istanbul entre ministres allemand et turc


Vendredi 29 juillet 2022 à 19h39

Istanbul, 29 juil 2022 (AFP) — La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a suscité un échange tendu vendredi à Istanbul avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, en appelant la Turquie à "respecter" les décisions du Conseil de l'Europe concernant les droits humains.

"La décision de la Cour européenne des droits de l'homme concernant Osman Kavala doit être appliquée" a-t-elle insisté à propos du philanthrope condamné à perpétuité pour des faits qu'il a toujours niés.

"Même si c'est difficile à entendre, ce doit être dit" a affirmé la cheffe de la diplomatie allemande, issue du Parti Vert, qui effectue sa première visite en Turquie et sera samedi à Ankara.

Les responsables du Conseil de l'Europe ont appelé à plusieurs reprises Ankara à la "libération immédiate" d'Osman Kavala, après un arrêt de la Cour européenne.

"Pourquoi l'Allemagne encourage-t-elle tous les pays à exclure la Turquie du Conseil de l'Europe", a répliqué M. Cavusoglu d'un ton vif avant d'énumérer les pays qui, selon lui, ne se plient pas aux décisions de l'instance européenne des droits humains: "Grèce, France, Norvège, Allemagne".

"Pourquoi ne le rappelez-vous pas à la Grèce mais seulement à la Turquie? Pourquoi mentionnez vous Kavala? Parce que vous vous êtes servis de lui", a-t-il continué, accusant de nouveau l'homme d'affaires et éditeur d'avoir "financé" les grandes manifestations anti-gouvernementales de 2013.

Après quatre ans de détention sans procès, Osman Kavala a été condamné en avril à la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine, accusé de "terrorisme" et de "complot" dans le coup d'Etat raté de 2016.

La cheffe de la diplomatie allemande a par ailleurs mis en garde contre une "attaque préventive" dans le nord de la Syrie.

"Un nouveau conflit ne ferait qu'infliger de nouvelles souffrances à la population et l'instabilité profiterait à Daech", a-t-elle insisté en utilisant l'acronyme arabe pour désigner le groupe Etat islamique.

"La Turquie a le droit de se défendre mais elle ne devrait s'en prendre qu'aux criminels", a-t-elle insisté tout en reconnaissant que "la Turquie fait face depuis des années aux attaques terroristes du PKK", le Parti des Travailleurs du Kurdistan.

Ankara menace depuis deux mois de conduire une opération militaire pour préserver sa frontière sud .

Mme Baerbock arrivait d'Athènes, d'où elle avait appelé la Turquie à respecter la souveraineté grecque sur les îles de la mer Égée, que "Personne n'a le droit de la remettre en question".

En réponse, M. Cavusoglu a estimé que "l'Allemagne devrait garder une position plus nuancée en mer Égée et en Méditerranée orientale et ne pas faire le jeu des provocations et de la propagande grecques et chypriotes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.