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La Russie veut la capitulation de l'Ukraine, l'Otan se réunit à Madrid


Mardi 28 juin 2022 à 17h46

Krementchouk (Ukraine), 28 juin 2022 (AFP) — La Russie a dit mardi viser la capitulation de l'Ukraine au lendemain d'une attaque qui a fait 18 morts dans un centre commercial du centre du pays, l'Otan ayant dénoncé la "brutalité" de Moscou au premier jour d'un sommet crucial à Madrid.

"Il faut ordonner aux soldats ukrainiens de déposer les armes et il faut mettre en oeuvre toutes les conditions fixées par la Russie. Alors tout sera fini en une journée", a déclaré à la presse le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

L'attaque russe, qui a ravagé un centre commercial bondé à Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, a fait au moins 18 morts, selon un dernier bilan. Les autorités ukrainiennes continuaient mardi de chercher une quarantaine de disparus dans les décombres du bâtiment.

Ce bombardement est "l'un des actes terroristes les plus éhontés de l'histoire européenne", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en demandant que la Russie soit désignée comme "Etat parrain du terrorisme" après cette frappe sur "une ville paisible, un centre commercial ordinaire".

Selon l'armée de l'air ukrainienne, le centre commercial a été atteint par des missiles anti-navires Kh-22 tirés par des bombardiers à long rayon d'action Tu-22, depuis la région russe de Koursk.

Les autorités russes ont démenti de leur côté avoir touché un centre commercial, assurant avoir détruit avec des missiles de "haute précision" des entrepôts d'armements livrés par les Occidentaux. Depuis le début de l'invasion de de l'Ukraine, Moscou rejette toutes les accusations de frappes visant des civils.

- "Brutalité" -

Le bâtiment était mardi en grande partie effondré et calciné, cerné de morceaux de béton et d'amas de verre, selon un journaliste de l'AFP sur place. Quatre grues géantes ont été installées pour évacuer les débris lourds près d'un parking, transformé en espace de secours où s'affairaient les pompiers.

Cette nouvelle attaque survient alors que l'ensemble des pays membres de l'Otan ont commencé à se retrouver à Madrid, où l'Alliance atlantique se réunit jusqu'à jeudi pour un sommet crucial, alors que Kiev ne cesse de réclamer davantage de livraisons d'armes.

"Il est extrêmement important que nous soyons prêts à continuer à apporter notre soutien parce que l'Ukraine fait face aujourd'hui face à une brutalité que nous n'avions plus vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale", a exhorté le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Cette réunion de l'Alliance doit envoyer un "message d'unité et de force", a plaidé le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une rencontre des dirigeants du G7 en Allemagne, organisé en amont du sommet de l'Otan.

"La Russie ne peut ni ne doit gagner et donc notre soutien à l'Ukraine et nos sanctions contre la Russie se maintiendront aussi longtemps que nécessaire", a-t-il ajouté.

- Marathon diplomatique -

Le sommet de Madrid, qui s'accompagnera de multiples rencontre bilatérales entre pays membres de l'Alliance, doit aussi permettre de trouver des solutions pour lever le veto turc à l'adhésion de la Finlande et de la Suède.

"Nous espérons faire des progrès" sur cette question, a insisté Jens Stoltenberg, qui a pris part mardi à une rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue finlandais et la Première ministre suédoise.

La Turquie bloque pour l'instant l'adhésion de Stockholm et d'Helsinski, car elle les accuse d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'elle considère comme "terroriste".

Le président américain, qui a également prévu de parler au président turc en marge du sommet, devrait faire à Madrid "des annonces spécifiques" sur "de nouveaux engagements militaires" en Europe, a par ailleurs annoncé l'un de ses conseillers.

"A la fin de ce sommet, il y aura un dispositif plus robuste, plus efficace, plus crédible (...) pour tenir compte d'une menace russe plus aigüe et plus grave", a précisé Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique et militaire de Joe Biden.

Lors du sommet du G7, qui s'est achevé mardi, les Occidentaux ont promis de resserrer l'étau sur Moscou en visant tout particulièrement l'industrie de défense russe. Ils se sont également engagés à développer un "mécanisme pour plafonner au niveau mondial le prix du pétrole russe".

Le but global est d'"augmenter" pour la Russie les coûts de la guerre, a résumé le chancelier allemand Olaf Scholz en clôturant ce sommet. Selon le Trésor américain, Washington a commencé mardi à mettre en oeuvre les sanctions décidées lors du G7, avec notamment une interdiction des importations d'or venant de Russie.

- "Ville en ruines" -

Malgré la lourdeur des sanctions frappant l'économie russe, le Kremlin a assuré mardi qu'il n'y avait "aucune raison" d'évoquer un défaut de paiement de la Russie.

Les autorités russes ont toutefois reconnu qu'à cause des sanctions, deux versements n'étaient pas parvenus aux créanciers avant la date limite de dimanche. Cela constitue de fait un "défaut" de paiement, a estimé mardi l'agence de notation Moody's.

Quelques heures après l'annonce du bombardement de Krementchouk, les autorités ukrainiennes ont annoncé une autre frappe russe meurtrière contre des civils, à Lyssytchansk, une poche de résistance ukrainienne stratégique dans le bassin du Donbass (est).

Dans cette ville jumelle de celle de Severodonetsk, récemment prise par les Russes, au moins huit civils ukrainiens ont été tués et plus de 20 autres, dont deux enfants, blessés pendant qu'"ils collectaient de l'eau à partir d'une citerne", selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Lyssytchansk est la dernière grande ville restant à conquérir pour les Russes dans cette province. "Nos défenseurs tiennent la ligne, mais les Russes réduisent la ville en ruines par l'artillerie, l'aviation... L'infrastructure est complètement détruite", a détaillé M. Gaïdaï.

La conquête du Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, est l'objectif prioritaire des Russes depuis qu'ils ont évacué les environs de Kiev fin mars.

A New York, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a rappelé que les belligérants étaient tenus par le droit international de "protéger les civils et les infrastructures civiles", jugeant la nouvelle frappe "totalement déplorable".

Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur les derniers bombardements russes contre des cibles civiles en Ukraine est prévue mardi à 19H00 GMT.

bur-vab/mg/sg

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.