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Syrie: une citadelle autrefois occupée par l'EI attire à nouveau les visiteurs


Jeudi 9 juin 2022 à 06h46

La citadelle de Jaabar (Syrie), 9 juin 2022 (AFP) — Autrefois occupée par le groupe jihadiste Etat islamique, la citadelle de Jaabar, imposant ouvrage islamique du XIe siècle dans le nord de la Syrie, retrouve lentement son statut de destination touristique pour les visiteurs de ce pays déchiré par la guerre.

Sous un soleil de plomb, des familles posent pour des photos devant ce château, l'un des monuments historiques les plus importants du pays, qui se trouve au sommet d'une petite colline située sur une presqu'île du lac artificiel Assad, à 50 km de Raqa.

Bien qu'il habite à moins d'une heure de la citadelle, Abdallah al-Jaber a emmené ses enfants pour une première visite en ce mois de juin.

"Leur rêve était de voir la citadelle de Jabaar", raconte cet homme de 41 ans, ajoutant qu'il leur montrait souvent des photos du monument en espérant qu'ils pourraient s'y rendre ensemble un jour.

La citadelle --qui date des périodes seldjoukide et mamelouk-- compte 35 ponts et une mosquée ainsi qu'un musée.

Depuis le début de l'été, le château attire un nombre croissant de visiteurs, la sécurité ayant été renforcée ces dernières années.

Après une montée en puissance fulgurante de l'EI en Irak et en Syrie en 2014 et la conquête de vastes territoires, le groupe jihadiste a vu son "califat" autoproclamé être renversé sous le coup d'offensives successives dans ces deux pays.

En 2017, les combattants kurdes soutenus par les Etats-Unis ont repris la forteresse de l'organisation ultraradicale qui utilisait son emplacement stratégique pour lancer des attaques et pour surveiller la plus grande prison qu'elle contrôlait à l'époque en Syrie.

- Destination populaire -

L'EI avait creusé des tranchées aux abords du château qu'il utilisait "pour former des enfants soldats", raconte Mohammad, un habitant de Raqa de 45 ans, qui a demandé à utiliser un pseudonyme pour des raisons de sécurité.

"Les résidents avaient été interdits de visite à l'époque puisque cette région était une zone militaire", poursuit-il. "Mais la situation s'est améliorée aujourd'hui."

Les promenades en bateau et les pique-niques sur les rives sablonneuses du lac Assad --formé par le barrage de Tabqa sur l'Euphrate-- ont fait de la citadelle une destination populaire pour les familles syriennes.

Près des murs imposants de la citadelle, des jeunes hommes se rassemblent pour fumer le narguilé à l'ombre sur des airs de musique arabe.

Radwan Kahawati dit être venu de la ville côtière de Lattaquié (nord-ouest), à cinq heures de voiture, pour visiter la citadelle avec sa famille.

"Nous sommes venus ici pour le tourisme et pour un dépaysement", dit-il à l'AFP.

"Ma fille m'a dit: +Emmène-nous à Jaabar+", parce qu'elle en a entendu parler à l'école, ajoute-t-il.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.