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Suède: le gouvernement survit in extremis grâce à la voix d'une députée pro-kurde


Mardi 7 juin 2022 à 13h30

Stockholm, 7 juin 2022 (AFP) — Le gouvernement suédois a évité mardi une crise politique majeure avec l'échec d'une motion de censure au Parlement, grâce à la voix décisive d'une députée pro-kurde opposée aux concessions à la Turquie pour débloquer l'entrée de la Suède dans l'Otan.

La motion de censure, qui visait le ministre de l'Intérieur et de la Justice Morgan Johansson mais risquait d'entraîner la démission de la Première ministre Magdalena Andersson, a échoué à une voix près.

L'extrême-droite et les partis de droite ont réuni 174 suffrages sur 289, selon le résultat du vote du Parlement, quand il leur en fallait une majorité absolue de 175 pour faire chuter le ministre.

La députée indépendante Amineh Kakabaveh, jadis combattante d'un groupe kurde iranien devenue députée suédoise depuis 2008, avait annoncé mardi matin qu'elle n'apporterait pas sa voix à l'opposition, après des tractations durant tout le week-end avec le gouvernement social-démocrate.

"Je suis satisfaite", a déclaré la parlementaire mardi matin, à quelques heures seulement du scrutin.

L'élue avait menacé de voter contre le ministre si elle n'obtenait pas d'assurances sur les négociations compliquées que mène la Suède avec la Turquie sur l'Otan.

"Devons-nous limiter notre liberté d'expression et de manifestation en fonction des exigences d'Erdogan?", a-t-elle lancé au Parlement.

"Dans les journaux, j'ai été décrite comme représentant les intérêts kurdes plutôt que les intérêts suédois, mais c'est la souveraineté suédoise qui m'importe", a affirmé la députée, issue de la gauche radicale.

La Turquie bloque l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'alliance atlantique, en accusant notamment Stockholm de soutenir des groupes kurdes qu'elle considère comme terroriste, comme les combattants de l'YPG en Syrie.

En novembre 2021, Amineh Kakabaveh avait déjà apporté une voix décisive à l'élection de la Première ministre Magdalena Andersson, après avoir obtenu une déclaration de soutien des sociaux-démocrates aux YPG.

Le parti social-démocrate a confirmé mardi que l'accord, qui va à l'encontre des exigences turques de couper le soutien suédois aux YPG, était toujours en vigueur.

La motion de censure intervient à trois mois des élections du 11 septembre, où la droite est pour la première fois prête à gouverner avec l'appui de l'extrême-droite.

Mais les sociaux-démocrates ont nettement remonté dans les sondages depuis l'arrivée au pouvoir de Magdalena Andersson, à la place du Premier ministre démissionnaire Stefan Löfven.

Magdalena Andersson avait annoncé qu'elle démissionnerait si l'opposition remportait ce vote de défiance visant son ministre Morgan Johansson.

L'opposition lui reproche d'avoir échoué à contrer l'émergence de bandes mafieuses dans la société suédoise, qui s'est traduite par une vague de règlements de comptes et de fusillades mortelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.