Page Précédente

Le chef d'état-major américain en Finlande pour soutenir son adhésion à l'Otan


Vendredi 3 juin 2022 à 18h09

Helsinki, 3 juin 2022 (AFP) — Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a rencontré vendredi à Helsinki le président finlandais Sauli Niinistö, pour témoigner du soutien des Etats-Unis à l'adhésion de la Finlande et la Suède à l'Otan, pour le moment bloquée par la Turquie.

"Il est clair que d'un point de vue militaire, la Finlande et la Suède, si leurs candidatures sont approuvées, renforceront nettement les capacités militaires de l'Otan", a déclaré le général Milley aux journalistes l'accompagnant dans sa tournée.

Le plus haut gradé américain a précisé être venu "discuter de la voie à suivre pour leur adhésion à l'Otan et des opérations, activités, exercices, etc. que nous, Etats-Unis, en tant que pays-membre de l'Otan, pouvons effectuer pour les soutenir afin d'améliorer notre niveau de préparation et notre interopérabilité".

Le général Milley est attendu samedi en Suède, autre pays nordique que la guerre en Ukraine a conduit à renoncer à des décennies de non-alignement pour demander son entrée dans l'Alliance Atlantique.

Si l'armée finlandaise ne compte que 13.000 professionnels, le pays de 5,5 millions d'habitants qui partage quelque 1.300 km de frontière avec la Russie, affiche un nombre impressionnant de 900.000 réservistes avec une armée en temps de guerre capable d'atteindre 280.000 soldats.

La Suède de son côté possède une armée de métier de 25.000 personnes, auxquelles s'ajoutent quelque 30.000 réservistes. Mais elle a comme la Finlande un accès à la mer Baltique qui pourrait ainsi devenir un "lac Otan", en dehors des eaux russes au large de l'enclave russe de Kaliningrad et de Saint-Pétersbourg.

"Ces deux armées sont d'ores et déjà compatibles avec l'Otan", a souligné le général Milley. "Leurs soldats parlent tous très très bien anglais. Leurs tactiques, techniques et procédures sont fondamentalement compatibles avec l'Otan".

Mais ces deux candidatures se heurtent à l'opposition d'Ankara qui reproche à la Finlande et la Suède d'héberger des "terroristes" du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés.

- Manoeuvres militaires renforcées -

Les deux pays cherchent des assurances de sécurité avant l'adhésion formelle qui leur garantira un soutien inconditionnel des alliés en vertu de l'Article V du traité fondateur de l'Otan, un processus de plusieurs mois que l'opposition d'Ankara risque de prolonger.

En l'absence de garantie de sécurité formelle, les deux pays ont demandé une présence militaire américaine renforcée en mer Baltique et dans le nord de l'Europe.

Mais signe que les Etats-Unis s'efforcent encore de limiter les risques d'élargissement du conflit en Ukraine à d'autres pays européens, le général Milley est resté prudent sur les moyens que Washington entend déployer pour dissuader Moscou de toute velléité agressive contre les deux pays avant leur adhésion formelle à l'Otan.

"Nous faisons des plans pour non seulement poursuivre le programme d'exercices en cours, mais aussi pour le renforcer modestement", a-t-il dit, soulignant qu'aucune décision formelle n'avait encore été prise.

Selon Charly Salonius-Pasternak, du Finnish Institute of International Affairs, la Finlande a nettement renforcé son programme d'exercices militaires bilatéraux et multilatéraux depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février.

"Le ministère de la Défense a finalement annoncé cette semaine huit exercices nouveaux et 12 autres modifiés", a indiqué cet expert des questions de défense à quelques journalistes.

Parmi eux, les grandes manoeuvres navales de l'Otan Baltops, que le général Milley doit notamment lancer symboliquement samedi à Stockholm avec une conférence de presse commune avec la Première ministre suédoise Magdalena Andersson à bord d'un porte-hélicoptère américain, le USS Kearsarge.

Outre sa situation géographique qui mettrait l'Otan aux portes de Saint-Petersbourg et son armée solide, la Finlande représenterait une voix modérée au sein de l'Alliance, a ajouté l'expert finlandais.

"Ce n'est pas pertinent à l'heure actuelle mais ça le sera à l'avenir: c'est un pays qui ressent le besoin d'une diplomatie avec la Russie", a-t-il noté.

Outre le président finlandais, le général Milley a eu des entretiens avec le ministre de la Défense Antti Kaikkonen et le chef d'état-major, le général Timo Kivinen.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.