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Enfants de jihadistes en Syrie : les candidats à la présidentielle invités à se positionner


Mardi 29 mars 2022 à 14h06

Paris, 29 mars 2022 (AFP) — Deux avocats de familles retenues actuellement dans les camps kurdes en Syrie ont écrit mardi aux candidats à la présidentielle pour les inviter à "prendre position pour le rapatriement des enfants et des mères", selon un courrier dont l'AFP a eu copie.

Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, "conseils de plusieurs familles actuellement retenues dans les camps en Syrie par les autorités kurdes", écrivent aux candidats à la présidentielle "afin de (leur) demander de bien vouloir prendre position pour le rapatriement des enfants et des mères concernés par ces mesures".

Ce rapatriement "s'impose aussi bien pour des raisons humanitaires que sécuritaires", écrivent-ils.

Ils rappellent qu'"en dépit des nombreux recours exercés depuis plusieurs mois, leur situation demeure inchangée et ce alors même que leurs droits fondamentaux sont totalement bafoués. Nous ne comprenons absolument pas l'inertie du gouvernement".

"Le recul dont nous disposons concernant les cas de familles rapatriées permet de confirmer que les familles en France s'assurent parfaitement du suivi de leurs petits-enfants français en collaboration avec les services spécialisés de l'Etat. Les femmes françaises seront judiciarisées", soulignent les avocats.

"Nous savons que l'attention est actuellement et légitimement tournée vers l'Ukraine" mais "il existe une situation d'urgence persistante qui impose une réaction", insistent-ils.

Ces derniers mois, plusieurs parlementaires ont écrit au chef de l'Etat ou lui ont publiquement demandé d'ordonner ces rapatriements.

Mes Bourdon et Brengarth, qui défendent deux Françaises détenues par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie, avaient eux déjà écrit début mars au chef de l'Etat pour lui demander de respecter les injonctions de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) et du Défenseur des droits, qui ont aussi appelé à mettre en oeuvre les rapatriements.

Quelque 80 femmes françaises, qui avaient rejoint l'Etat islamique, et 200 enfants sont détenus dans les camps kurdes de Syrie.

Jusqu'à présent, Paris a maintenu une politique de retour au cas par cas pour ces enfants - 35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici - et considère que les adultes devraient être jugés sur place.

Le retour de ces Français qui avaient rejoint l'Etat islamique est un sujet sensible dans un pays marqué par les attentats jihadistes perpétrés sur son sol depuis 2015.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.