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Irak: la justice fédérale somme le Kurdistan de livrer tout son pétrole à Bagdad


Mardi 15 février 2022 à 13h57

Bagdad, 15 fév 2022 (AFP) — La Cour suprême fédérale d'Irak a sommé mardi le Kurdistan autonome de livrer le pétrole produit dans ses territoires au pouvoir fédéral de Bagdad, dossier épineux qui fait depuis de longues années l'objet de régulières dissensions.

L'arrêt de la plus haute instance judiciaire d'Irak risque fort de ne pas être entendu par les autorités du Kurdistan, région autonome depuis 1991 et dotée de ses propres institutions politiques et diplomatiques.

Un arrêt rendu mardi par la Cour fédérale stipule "l'obligation pour le gouvernement (du Kurdistan) de livrer l'intégralité de la production des champs pétroliers du Kurdistan (...) au gouvernement fédéral."

L'arrêt, publié sur le site internet du tribunal, somme aussi le Kurdistan de permettre aux autorités de Bagdad de "passer en revue tous les contrats pétroliers passés par le Kurdistan pour l'export et la vente de pétrole et de gaz."

L'Irak dispose d'immenses réserves d'hydrocarbures. C'est le deuxième pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Il exporte près de 3,5 millions de barils par jour et l'or noir représente plus de 90% de ses revenus.

En janvier, l'Irak a exporté plus de 99 millions de barils --soit plus de 8 milliards de dollars de revenus, selon le ministère du Pétrole.

Le Kurdistan irakien produit plus de 400.000 barils par jour. Il fournit 250.000 barils par jour à l'agence fédérale de Bagdad chargée de commercialiser le pétrole --en échange de quoi Bagdad prend en charge l'ensemble des salaires des fonctionnaires kurdes, notamment les combattants peshmergas, les forces armées du Kurdistan irakien.

Ces dernières années, ce dossier épineux refait épisodiquement surface, alors que le pouvoir fédéral exige que l'ensemble des exportations de pétrole pompé sur le territoire irakien passe par le gouvernement central.

En 2012 et en 2014, les autorités irakiennes avaient fustigé le rôle de la Turquie voisine. Le Kurdistan y exportait son pétrole brut pour le faire raffiner. Par la suite, Ankara avait annoncé livrer sur les marchés internationaux du pétrole en provenance du Kurdistan irakien.

Les relations entre Erbil, capitale du Kurdistan, et Bagdad sont en dents de scie. En 2017, la région autonome a organisé un référendum d'indépendance qui a provoqué une grave crise avec le pouvoir fédéral et fait craindre un conflit armé entre les deux camps.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.