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Syrie: détenu torturé à mort dans un rare cas mettant en cause les autorités kurdes


Mercredi 30 juin 2021 à 16h05

Qamichli (Syrie), 30 juin 2021 (AFP) — Une famille syrienne accuse les forces kurdes dans le nord-est d'avoir torturé à mort un fils détenu, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux malgré le démenti des autorités kurdes, un cas rare d'incident les impliquant.

Les accusations émanent de la famille d'Amine Issa al-Ahmad, 34 ans, arrêté par les forces de sécurité kurdes des Assayech le 22 mai, pour des soupçons de corruption et de pots-de-vin.

Après avoir reçu la dépouille lundi, sa famille a fait état le lendemain de marques de torture sur le corps. Elle a fait appel à un médecin-légiste qui a constaté une "fracture de la mâchoire", des "hématomes intracrâniens", "traces de coups sur les genoux, le cou et à l'arrière de la tête" ainsi que des brûlures.

Il s'agit d'un rare incident dans lequel les forces kurdes sont pointées du doigt pour torture dans leurs prisons.

L'administration autonome kurde a nié ces allégations. "En examinant le corps (...) il n'y avait aucune marque de violence (...) ni de torture", a indiqué le bureau des affaires judiciaires dans un communiqué, ajoutant que le décès avait été causé "par un accident vasculaire cérébral due à une hypertension artérielle, selon les rapports médicaux".

L'affaire a provoqué une guerre d'images entre les deux camps. La famille d'Amine Issa al-Ahmad a publié des photos montrant des traces de rougeurs sur certaines parties du corps ainsi qu'un gonflement du visage, tandis que les autorités ont diffusé des images différentes du corps, accusant la famille d'avoir truqué ses photos.

Sur les réseaux sociaux, des militants kurdes figurent parmi les nombreux internautes appelant les autorités kurdes à enquêter sur ce décès.

L'Administration autonome, mise en place durant la guerre syrienne après le retrait de l'armée du nord-est du pays, s'est toujours voulue un modèle démocratique alternatif pouvant être adopté en Syrie.

Elle a toutefois été accusée à plusieurs reprises d'avoir arrêté des opposants kurdes et d'avoir recruté des enfants dans les rangs de ses soldats, ce qu'elle dément.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.