Lundi 20 juillet 2020 à 12h37
Erbil (Irak), 20 juil 2020 (AFP) — Les autorités kurdes irakiennes ont démenti lundi avoir remis à la Turquie la nièce d'un influent homme politique kurde de Syrie recherché par Ankara, comme l'a affirmé la veille sa famille.
Erbil est actuellement dans une position inconfortable. D'une part, le Kurdistan autonome irakien se présente comme le prolongement naturel de la région semi-autonome kurde de Syrie.
D'autre part, il est régulièrement le théâtre de bombardements contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur son sol par Ankara qui considère les autorités semi-autonomes de Syrie comme une extension du PKK. La Turquie classe le PKK parmi les organisations "terroristes".
Dans un communiqué, le ministère kurde irakien de l'Intérieur dément les accusations de la famille de Dalia Mahmoud Muslim, nièce de Saleh Muslim, longtemps coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), bras politique de la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du Peuple (YPG).
Dimanche, son père, Mahmoud Muslim, avait fait porter à Erbil "la responsabilité de son enlèvement ou de sa remise aux renseignements turcs", dans un texte publié sur Facebook.
Les autorités kurdes irakiennes confirment elles la version de l'agence étatique turque Anadolu qui affirme que Dalia Mahmoud Muslim, 21 ans, s'est "rendue" le 15 juillet "aux forces de sécurité turques" dans une province du sud de la Turquie.
Le ministère assure que Dalia Mahmoud Muslim "a quitté les Unités de protection de la femme (YPJ, versant féminin des YPG) et a entamé une relation amoureuse avec un combattant du PKK connu sous le nom de Toul Hadan et résidant à Bitlis", en Turquie. "Tous les deux ont décidé de quitter le PKK", est-il ajouté dans le texte.
Dalia Mahmoud Muslim est donc allée "clandestinement" en Turquie pour se rendre aux autorités, selon le communiqué.
M. Muslim avait expliqué que sa fille préparait son retour en Syrie après s'être rendue il y a six mois au Kurdistan irakien voisin pour des soins médicaux.
"Mais nous avons été surpris (d'apprendre) qu'elle avait été livrée aux autorités turques et à leurs services de renseignements", a ajouté Mahmoud Muslim, affirmant que toute déclaration attribuée à sa fille serait "fausse" et obtenue "sous la pression".
Saleh Muslim fait l'objet depuis 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts). Il a nié toute implication.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.