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Syrie: HRW exhorte Damas et les Kurdes à enquêter sur les disparus sous l'EI


Mardi 11 février 2020 à 07h58

Beyrouth, 11 fév 2020 (AFP) — Human Rights Watch (HRW) a exhorté mardi les autorités kurdes et le gouvernement syrien à enquêter sur le sort de milliers de personnes portées disparues dans les territoires que contrôlait le groupe Etat islamique, dont des militants, des journalistes et des humanitaires.

Plus de 8.000 personnes arrêtées par l'organisation jihadiste alors qu'elle avait la main sur de vastes régions de Syrie sont toujours portées disparues, indique l'ONG, citant des statistiques du Réseau syrien des droits de l'Homme.

Parmi les disparus figurent notamment des personnalités connues comme le journaliste britannique John Cantlie ou le prêtre jésuite Paolo Dall'Oglio.

Les autorités kurdes qui contrôlent aujourd'hui les ex-fiefs de l'EI dans le nord-est de la Syrie fournissent "rarement" des réponses aux proches des personnes disparues, a déploré HRW.

C'est le cas également des autorités syriennes qui rechignent, selon l'ONG, à fournir des informations détaillées sur ce sujet.

"Les gens dont les proches se sont trouvés dans des territoires aujourd'hui contrôlés par les forces gouvernementales syriennes ont dit avoir entendu seulement des spéculations selon lesquelles l'EI avait tué tous ses prisonniers", ou alors des gens qui disaient ne rien savoir sur leur sort, indique HRW.

L'EI avait conquis en 2014 de vastes régions en Irak et en Syrie, instaurant un "califat" auto-proclamé à cheval entre les deux pays, avant d'y être vaincu respectivement en 2017 et 2019.

"La fin du contrôle de territoires par l'EI est l'occasion d'apporter des réponses aux familles dont des proches ont disparu en Syrie", a déclaré Joe Stork, directeur régional adjoint de HRW.

L'ONG a exhorté les autorités kurdes et syriennes à créer un "centre de liaison ou un organe civil" pour recueillir des informations sur ces disparus et de contacter leurs familles.

Elle les a également appelés à protéger les charniers où se trouvent les dépouilles de milliers de personnes exécutées par l'EI.

Des dizaines de fosses communes ont été découvertes en Syrie et en Irak depuis la défaite de l'EI, mais le processus d'identification des victimes est lent, coûteux et compliqué.

L'ONG a enfin demandé aux autorités kurdes et syriennes d'enquêter auprès de jihadistes présumés et autres personnes soupçonnées de liens avec l'EI qu'elles détiennent afin d'obtenir des informations sur le sort des disparus.

Elle a toutefois mis en garde contre des interrogatoires qui ne respecteraient pas les droits humains.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.